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Square Jugnauth à Rodrigues ? La République se porte bien !
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Square Jugnauth à Rodrigues ? La République se porte bien !
Rodrigues a probablement réuni sir Seewoosagur Ramgoolam et sir Anerood Jugnauth dans la même hantise de voir cette partie du territoire mauricien tomber sous le contrôle de la France.
L’intérêt personnel porté par sir Gaëtan Duval à Rodrigues, l’obsession du PMSD à nourrir des sentiments anti-mauriciens avec une teinte de racisme à peine déguisée, tout comme ce qui était perçu comme une stratégie particulière de la France, cette combinaison de facteurs eut pour résultat d’exacerber la méfiance de SSR par rapport à Rodrigues. A un certain moment, pour pouvoir tout contrôler à Rodrigues, SSR y nomma même un Irlandais comme Island Commissioner.
L’avènement du phénomène Serge Clair à la tête de l’Organisation du Peuple Rodriguais (OPR) vint encore impacter l’état d’esprit des grands patrons de l’Hôtel du gouvernement. La victoire de Clair aux élections générales de 1982 après sa défaite de 1976 aux mains du PMSD lui ouvrait la porte au conseil des ministres à Maurice mais pas pour longtemps.
Aux élections de 1983, Jugnauth, Ramgoolam et Duval se retrouvèrent dans le même camp face au MMM. Clair et son colistier France Félicité gagnaient à Rodrigues.
Duval et Jugnauth entreprirent alors un coup machiavélique qui aurait réjoui l’auteur italien du Prince. C’est France Félicité qui fut nommé ministre et non Clair. Cela suivant une petite surprise à Rodrigues même. En effet, le néophyte Félicité, un ancien policier, avait devancé le géant Clair de quelque 55 votes. Courte carrière pour Félicité car puisque la vengeance est un plat qui se mange froid, il fut tout simplement privé du ticket de l’OPR en 1987 et Clair sortit en tête de liste cette fois-ci.
Donc, la méfiance de Jugnauth envers Clair persista jusqu’aux élections de 2000 quand devenu l’allié du MMM, il renversa Navin Ramgoolam. Paul Bérenger prit alors l’initiative de placer Rodrigues sous le régime de l’autonomie et Jugnauth joua le jeu. Au point que Clair lui-même fut très surpris par le change of heart chez Jugnauth.
Au fait, malgré ses méfiances envers Clair sur le plan purement politique, Jugnauth et son épouse ont toujours éprouvé une grande tendresse envers Rodrigues et les Rodriguais. Ils y vivaient régulièrement des moments de grand bonheur. Ce qui n’a pas empêché l’irascible Jugnauth de tenir des propos blessants comme l’obligation de ‘baigner’ les Rodriguais.
Vu dans une perspective historique, on ne pourrait nier le fait que Paul Bérenger, Serge Clair et Antoinette Prudence ont été les véritables architectes de l’autonomie rodriguaise. L’avancée de Rodrigues vient s’ajouter aux grandes réalisations personnelles de Paul Bérenger dont la consolidation de la démocratie à Maurice, l’empowerment des syndicats et le recul du communalisme et du néo-colonialisme. Mais sans l’apport personnel d’Anerood Jugnauth, si ce dernier s’était fait intraitable en s’opposant à la démarche de Bérenger – même au risque de voir partir le MMM du gouvernement – il n’y aurait jamais eu d’autonomie. C’est fort regrettable que le leader du MMM n’ait pas été invité aux célébrations à Rodrigues.
Après l’avènement de l’autonomie, les craintes de voir Rodrigues devenir le troisième département français de l’océan Indien après la Réunion et Mayotte se sont estompées. Les différents acteurs de la classe politique rodriguaise se sont en effet graduellement transformés en fidèles et reconnaissants vassaux de Port-Louis au point même de succomber au ‘chatwaisme’. C’est ainsi que du temps où il était Premier ministre, Navin Ramgoolam, un personnage beaucoup plus accommodant que les irritables Jugnauth et Bérenger, pouvait se permettre d’entretenir des relations cordiales avec toute la classe politique rodriguaise, ceux contrôlant l’administration régionale comme les éléments de l’opposition.
Après 20 ans d’autonomie, il n’est pas difficile de constater que les hommes politiques rodriguais ont su profiter de l’occasion de vivre comme de petits princes grâce aux largesses expédiées de Port-Louis. Les taxes que paient les Rodriguais n’auraient jamais suffi à faire rouler l’administration régionale. Si Rodrigues était un département français, les élus locaux n’auraient jamais pu bénéficier d’un traitement princier, dont l’usage de SUV aux six-cylindres avec chauffeurs, en sus de nombreux privilèges, qu’on accorde généralement aux seigneurs du système mauricien. Le Préfet français et Paris auraient tout contrôlé.
Que Rodrigues dispose maintenant d’un Square Anerood Jugnauth et d’une stèle à l’effigie de l’ancien Premier ministre cadre bien avec la concordance réunissant dans le même élan la classe politique rodriguaise et celle de l’île principale de la République. Le tout nouveau Square à Port- Mathurin, c’est un certificat symbolique attestant de la bonne santé de la grande République de Maurice tout en consolidant son intégrité territoriale s’articulant sur 2,3 millions de km2 de l’océan Indien.
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