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Ça va chauffer !
Bolsonaro a perdu les élections présidentielles. La marge de défaite était faible. Très faible même, l’écart étant de 1,8 % seulement, soit 2,14 millions de voix, alors que les bulletins nuls ou invalides se chiffraient, eux, à 5,7 millions ! Après un silence de deux jours, Bolsonaro concédait que l’on entame la passation de pouvoir (il reste en charge jusqu’au 31 décembre prochain selon la Constitution), mais ne concédait sûrement pas explicitement avoir perdu les élections, rappelant en cela exactement ce qu’avait fait, avant lui, Donald J Trump. Euronews annonce, par contre, en fin de semaine, qu’un juge de la Cour suprême avec qui Bolsonaro avait une rencontre privée aurait relayé, par vidéo, que le président Bolsonaro aurait apparemment concédé la défaite en disant : «It is over. So let’s look ahead.» Il ne reste plus qu’à le dire publiquement et à l’officiel dans ce vaste pays où son indécision laisse ses partisans manifester contre le résultat, bloquer des routes et, surtout, à faire appel à l’armée pour une prise en charge militaire !
Ayant pris toutes les précautions pour que le vote soit libre et intègre, concéder sa défaite est clairement une démonstration de maturité et un exemple primordial pour le reste de la population. En effet, comme le faisait remarquer Pete Buttigieg, secrétaire au transport américain, récemment dans une interview, si un candidat refuse d’accepter sa défaite, comme Trump, cela a une double conséquence négative. D’abord, il empoisonne l’esprit des électeurs et mine leur confiance dans tout vote démocratique au point où les plus extrémistes disent ouvertement ne plus vouloir accepter aucun résultat d’élections si celui-ci n’est pas «à leur goût» !
Ensuite plus insidieusement, c’est le respect de la loi et de l’état de droit lui-même que l’on mine, le citoyen pouvant, de même, agir en contravention de ceux-ci quand la loi n’est «pas à son goût» non plus. Il pourra alors, comme Trump, tout rationaliser : je ne respecte pas la loi X parce que c’est une loi votée par le parti que je déteste, par exemple… Les conséquences peuvent être graves et durables et bousiller l’autorité même du faisceau de lois et de pratiques que, par convention commune, les citoyens respectent pour pouvoir vivre ensemble librement de manière prévisible, rationnelle et disciplinée. L’alternative, bien sûr, est d’échanger nos libertés pour de la répression centralisée, qui met de l’ordre aussi à n’en point douter, mais ce serait le retour vers le culte de l’homme fort, le Rex Imperator, les guerriers-rois. Les exemples contemporains ne manquent malheureusement pas !
Dans notre pays et jusqu’à preuve du contraire, les élections sont intègres, même si elles ne sont pas totalement libres d’influence illicite, comme les votes achetés ou la propagande de la MBC, toujours et encore monopole d’Etat, utilisée de manière résolument partiale ! Avoir recours à la justice, si l’on a des doutes et des preuves, est éminemment plus raisonnable que ne pas concéder sa défaite et se saisir du parlement ! Il faudrait évidemment que ces cas litigieux soient entendus beaucoup plus rapidement qu’actuellement pourtant, faute de quoi, on sombrerait dans le ridicule.
En effet, a quoi ça sert de redresser une fraude éventuelle mettons un an , grand maximum, apres une élection contestée ; jusqu’à 20 % des conséquences d’une telle fraude étant alors déjà consommés ?
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OMG ! On a ainsi importé en 2022, sept ans après une «fenêtre légale» entre juin et décembre 2015 (QUI a ouvert cette fenêtre ?), 25 000 boîtes de ti papye ; c.-à-d., du papier à rouler utilisé indifféremment pour rouler du tabac (rare !) ou de la drogue (bien plus fréquent !), ce qui donnerait apparemment une valeur marchande de Rs 460 millions à ces ti papye importés pour Rs 3 à 4 millions au départ, dépendant du moment où le paiement a été fait.
Le vrai scandale, c’est que la direction de l’importateur Zippy Mouse Co Ltd aurait donné l’assurance que cette masse de 22 millions de ti papye était pour «personal storage», et par implication, «personal usage», et que les autorités au ministère du Commerce et à la MRA auront cru cela possible ! C’est tellement incroyable – que des techniciens gouvernementaux aguerris aient pu gober cela – que l’on pense inévitablement à une magouille quelconque. Le ministre même a tiqué. Une enquête a donc été confiée à l’ICAC qui, comme on le sait, se débat (un peu ?) sous de nombreux dossiers qui tardent à cracher leurs secrets. Va-t-on rouler des cigarettes ou nous roulera-t-on plutôt encore dans la farine ?
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Soit Bruneau Laurette est un trafiquant de drogue , soit la police l’a piégé. Les deux scenarios sont effrayants dans ce qu’ils diraient sur notre pays !
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L’objectif de l’Accord de Paris sur le climat en 2015 était d’éviter un réchauffement de la planète de plus de 1,5 °C. Cet objectif paraît irréalisable maintenant. Nous en sommes déjà à 1,2 °C de plus que le siècle dernier ; et s’il y a des progrès depuis 2015, les distractions majeures causées par la pandémie de Covid et la guerre en Ukraine ont sérieusement ralenti le train de l’investissement, notamment dans l’énergie renouvelable.
On estime que 1 trillion de dollars s’investit toujours annuellement dans cette énergie qui va remplacer les hydrocarbures. Le prix élevé de ces hydrocarbures, dont on se plaint tellement et qui, dans un premier temps, aide à gonfler l’inflation, va cependant aider à accélérer la migration de nos économies vers du renouvelable. Voilà une bonne raison pour laquelle il ne faut pas que le prix des produits pétroliers baisse. En passant, le gaz que nous envisageons localement n’est évidemment pas une énergie renouvelable et notre objectif de 60 % d’énergie renouvelable avant 2030, demeure t il realisable ?
Le problème est qu’il faut trois fois plus d’investissements annuels et que les cinq pays les plus pollueurs de la planète (Chine avec 26 % du total CO2, les USA avec 13 %, l’UE avec 7,5 %, l’Inde avec 7 % et la Russie, 5,5 %) représentent 59 % du total alors que les 100 pays les moins pollueurs représentent moins de 3,6 % du total ! En fait, le Top 10 des pays pollueurs (on rajoute le Japon, le Brésil, l’Indonésie, l’Iran et le Canada au Top 5) (*) totalise 2/3 du problème des gaz à effet de serre. Le sommet de Sharm El Sheikh (Égypte), qui débute demain (COP 27), au lieu d’être la grande foire des compromissions que c’est devenu, aurait pu réunir ces 10 pays que cela pourrait être plus productif ? Il faudrait seulement que l’UE puisse parler à la Russie, que les États-Unis puissent parlementer avec l’Iran, que la Chine toise moins l’Inde, que…
The Economist suggérait il y a peu qu’il n’est plus plausible de croire que les trois trillions de dollars d’investissements requis chaque année pourraient maintenant se trouver en quantité suffisante exclusivement chez les pays riches de l’OCDE ou à la Banque mondiale, déjà largement endettées. Les marchés de capitaux privés devront être sollicités, ce qui ne sera pas une mince affaire car il y aura des risques politiques et économiques hors du commun à assumer. L’alternative cependant, c’est une planète qui va souffrir, qui va peut-être même cramer...
L’objectif de 1,5 °C étant déjà dépassé, il devient clair qu’il y aura plus de sécheresses, plus de pluies soudaines et dévastatrices, plus de feux de brousse, plus de canicules, plus de tempêtes, et qu’il faudra mieux s’y préparer. Les mesures d’adaptation que l’on devra prendre seront, proportionnellement, beaucoup plus importantes pour les pays les moins pollueurs ; et c’est là aussi où les pays riches seront attendus au-delà de leurs slogans America first ou l’Italie d’abord. D’ailleurs, les engagements déjà pris en faveur des pays les plus à plaindre, dont les 100 milliards de dollars annuels qui, d’après un engagement datant de 2009, devaient être organisés avant 2020, ne sont toujours pas respectés et, pire, sont de plus en plus obtenus en diminuant l’aide au développement, plutôt qu’à travers des fonds frais !
Finalement, si les activistes et les décisionnaires du climat ont longtemps favorisé les solutions qui empêcheraient la planète de se réchauffer plutôt que celles qui aideraient à la refroidir, c’est bien parce qu’ils pensaient que prévenir est toujours mieux que guérir. Cependant, il faudra bien maintenant reconsidérer les technologies de geoengineering solaire qui bloquent une partie des rayons du soleil (**). Il y a des dangers, bien sûr, mais il faudra soupeser ceux-ci contre les risques grandissants d’avoir fait et de faire moins que nécessaire et d’ainsi inviter le thermomètre à augmenter de 2, de 3, de 4, de 5 degrés de plus…
On en reparlera après un été qui promet d’être chaud et qui n’arrive que maintenant…
(*) https://www.wri.org/insights/interactive-chart-shows-changes-worlds-top-10-emitters
(**) https://www.lexpress.mu/idee/400470/millions-et-milliards-climat-et-prb
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