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Les droits des femmes sont des droits humains (4)
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Les droits des femmes sont des droits humains (4)
Le droit à la santé et le droit à la vie
Dans le cadre de la sensibilisation aux droits humains, nous traitons aujourd’hui l’un des droits sociaux les plus importants : le droit à la santé, en particulier pour les femmes. Les droits humains sont interdépendants et aucun d’eux n’est prioritaire par rapport aux autres. Mais il nous semble quand même que pour l’humanité tout entière, le droit à la santé est fondamental. En ce qui concerne les femmes, chacun peut comprendre l’importance de leur santé reproductive non seulement pour elles-mêmes, mais aussi pour la société.
Ce droit est clairement défini par l’article 12 du Pacte international sur les droits économiques, sociaux et culturels qui précise que toute personne a le droit « de jouir du meilleur état de santé physique et mentale qu’elle est capable d’atteindre. » L’accent est mis sur la nécessité de faire baisser la mortalité à la naissance ainsi que la mortalité infantile. Ce qui implique une reconnaissance du droit à la vie, qui figure dans notre Constitution, mais avec un certain nombre d’exceptions.
Le troisième Objectif de développement durable (ODD) parle du besoin de « donner les moyens de vivre une vie saine et promouvoir le bien-être de tous à tous les âges. »
La survie maternelle et infantile a progressé de manière significative dans la plupart des pays, y compris à Maurice, si l’on se fie aux statistiques. Globalement, on peut dire qu’au fil des années, nous avons su résister aux pressions visant à restreindre l’État-providence. Notre système de santé permet donc à tous de jouir de la gratuité des soins et des médicaments, sauf dans des cas bien spécifiques. L’Overseas Treatment Unit (OTU) accorde une aide aux plus démunis pour certaines opérations à l’étranger.
Mais certains sujets méritent notre attention en matière de santé des femmes. Il existe dans tous nos hôpitaux des services d’obstétrique et de gynécologie qui semblent fonctionner plutôt bien. De temps à autre, on entend parler de négligence médicale et, si celle-ci est avérée, il y a des enquêtes et des sanctions. Ce qui nous semble anormal c’est le nombre d’accouchements par césarienne. Les statistiques officielles indiquent que dans le secteur public, ils sont passés de 33 % en 2004 à près de 54 % en 2019. Dans le secteur privé, ce chiffre était de 62 % en 2019.
On ne peut pas penser qu’il s’agit là de cas ou l’accouchement naturel n’était pas possible. Il y a malheureusement d’autres explications, comme le confort des uns et des autres. Il se peut que la femme elle-même soit angoissée par cet événement qui doit se préparer longtemps à l’avance avec la future mère, et même le futur père. Mais la césarienne n’est pas une intervention anodine, d’autant plus que certaines femmes la subissent à plusieurs reprises. Dans le secteur privé, cela coûte cher et on espère que ce n’est pas ce qui prime. Mais dans le secteur public, comment expliquer cette tendance qui ne rapporte rien à l’État ?
Nous devons aussi réagir à cette affirmation du ministère de la Santé : un tiers des femmes enceintes qui viennent consulter sont anémiques. De plus, un tiers d’entre elles ne viennent pas au cours des trois premiers mois de grossesse.
Quand on sait qu’il y a de plus en plus de prématurés et de bébés qui naissent avec un poids insuffisant (moins de 2,5 kilos), il devient évident que les futures mères ne s’alimentent pas bien et vivent dans une trop grande précarité. Il ne suffit donc pas de dire que nous avons un problème démographique grave. Il faut une politique courageuse. Le droit à un logement, à un travail décent, à une alimentation équilibrée et le droit à la santé vont ensemble. Mais il s’agit surtout du droit à la vie, une vie saine et décente. On doit se demander où est la frontière entre droits civils et droits économiques et sociaux. C’est pourquoi il est grand temps de revoir notre Constitution.
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