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De Surath à Kistnen en passant par Azor : mythes et réalités

19 novembre 2022, 09:35

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Le Premier ministre, Pravind Kumar Jugnauth (PKJ), a déterré un lot de cadavres pour tenter d’assommer ses adversaires politiques.

Dans les traditions politiques mauriciennes, on utilise souvent des cadavres à des fins de propagande et de ralliement des troupes. Des faits réels se sont produits et des agents tués par des adversaires. Mais il faut aussi compter avec la création des mythes.

Dans les années 1960, la profonde animosité entre partisans travaillistes et ceux du PMSD produisit des heurts. Lors des émeutes à Trois-Boutiques en 1965, le constable Pierre Clément Beesoo et un membre du personnel d’une propriété sucrière, Robert Brousse de Laborde, furent tués en représailles à des actes de violence subis par des éléments travaillistes.

La même année, l’agent travailliste Rampersad Surath fut tué par des «tapeurs» du PMSD à Belle-Rose. Les Travaillistes exploitèrent à fond le cas Surath. Son nom fut donné à une rue et un jardin d’enfants à Belle-Rose. Surath fut littéralement mythifié. Toutefois, les animosités PTr-PMSD s’estompèrent à partir de 1969 quand Gaëtan Duval se joignit au gouvernement de sir Seewoosagur Ramgoolam. Pour les Travaillistes, le leader des coqs s’était métamorphosé en Gautam Duval.

Le PMSD eut par la suite un nouvel adversaire en le MMM nouvellement né. Les partisans du MMM furent animés d’une grande haine envers le leader du PMSD. Après une vilaine correction que subit Paul Bérenger aux mains des tapeurs notoires du PMSD à Port-Louis en 1969, le MMM se mit lui aussi à organiser une force de frappe pour se défendre du PMSD. Il y eut des heurts entre éléments MMM et PMSD. Dans l’après-midi du 25 novembre 1971, des agents du PMSD abattirent à coups de balle le docker Azor Adelaïde, aussi activiste du MMM. Le MMM se retrouva alors avec une cause célèbre.

Contrairement à ce qu’on avance, les assassins présumés d’Azor, dont Paul Sarah, Moorghesh Shummoogum et Ignace Balloo, furent poursuivis et condamnés à plusieurs années d’emprisonnement. Et cela au moment même où Gaëtan Duval était dans les faits le n° 2 du gouvernement. Il n’y eut aucune tentative pour étouffer l’affaire ou protéger les assassins.

L’année 1971 vit aussi un autre grand mort dans la famille MMM. En effet, le 1er octobre 1971, Fareed Muttur, qui assurait la protection rapprochée de Paul Bérenger, fut victime d’un accident de la route à Ebène. Il était au volant de la Peugeot 404 du leader du MMM. Fareed Muttur subit une fracture du crâne et rendit l’âme le 7 octobre. Le cas Muttur est entouré d’un certain mystère et on n’écarte pas la théorie d’un acte de sabotage sur la Peugeot 404. En effet, c’est Paul Bérenger qui était au volant de la puissante française la plupart du temps et c’est à titre exceptionnel que Fareed Muttur avait utilisé le véhicule ce jour-là.

Bien des années plus tard, soit en novembre 2002, deux morts viendront créer une vive controverse politique. En effet le 11 novembre 2002, on découvrit les cadavres enlacés d’un homme et d’une femme dans l’eau à Bassin-Blanc. Il s’agissait d’Anshi Ittoo et de Thagoresingh Sandoram. On avait cru à un suicide d’amoureux mais le no-nonsense médecinlégiste Satish Boolell devait conclure qu’il s’agissait d’un crime. Le couple avait été tué avant d’être jeté dans l’eau. La controverse politique qui en résulta était axée sur le fait que Sandoram avait, quelque temps avant sa mort, acquis un véhicule appartenant à un homme accusé d’avoir participé à une attaque à l’acide sur la personne du Dr Krishan Malhotra, gendre du Premier ministre d’alors.

Le mort «politique» de ce nouveau millénaire reste sans doute Soopramanien Kistnen. C’est le cas le plus controversable de tous les assassinats qu’on ait connus. On n’en est encore qu’aux premiers chapitres de cette saga. On brûle d’impatience pour en connaître l’épilogue.