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Nos nouvelles vedettes
Une analyse médiamétrique et sociologique des différentes plateformes de communication de masse indiquerait l’émergence dans la société mauricienne d’une nouvelle classe de vedettes.
En effet, en parcourant les médias conventionnels (presse écrite, radios et télévision) et médias sociaux, dont Facebook, il est clair que davantage que les opérateurs économiques, les administrateurs et les professionnels, ce sont des avocats combattant pour différentes causes, des «activistes», des «travailleurs» sociaux et des citoyens engagés qui dominent l’actualité avec le soutien, évidemment, des opérateurs des plateformes.
Dans le passé, le médecin était vu comme un demi-dieu, suivi de l’avocat. L’enseignant était lui aussi très bien vu et respecté. On a assisté à un changement radical de paradigme. Le médecin est davantage cité pour des cas de négligence. Rarement applaudit-on la performance remarquable d’un professionnel dans un hôpital public ou une clinique privée.
L’enseignant a lui aussi perdu sa place sur l’estrade. Comme le médecin, c’est pour des fautes alléguées qu’il se retrouve sur la place publique. Pourtant, dans le passé, le Parlement comptait un grand nombre d’enseignants à commencer par le grand Sookdeo Bissoondoyal lui-même. Ce denier, comme pour narguer ses adversaires, se plaisait à corriger les devoirs de ses élèves dans l’enceinte même du Parlement s’il n’était pas d’accord avec un discours.
L’avocat reste toujours un bondie. Surtout s’il fonctionne pro-bono, c’est-à-dire qu’il met ses compétences gratuitement au service d’un détenu. La police lui offre d’ailleurs la plus belle scène de théâtre politico-légale qu’est le complexe des Casernes centrales. Les avocats combatifs jouent certainement un rôle positif dans le combat contre l’arbitraire. Fort heureusement, ces hommes du barreau défendent aussi des gens qui sont fortunés sinon ils se seraient retrouvés «touni» dans la rue.
On a aussi assisté, ces dernières années, à l’émergence des «travailleurs» sociaux, des «activistes» comme Bruneau Laurette et Darren et des citoyens «engagés» comme Nishal Joyram. Ce dernier, qui en était à son onzième jour de grève de la faim le vendredi 25 novembre, jouit d’un large soutien dans le pays. On ne le voit pas mettre fin à son action sans que le gouvernement ne cède. Or, si le pouvoir donne raison à Joyram et baisse les prix des produits pétroliers, une véritable industrie de grève de la faim sera institutionnalisée à Maurice et le gouvernement devrait régulièrement se livrer à un exercice de «tir-kalson» devant toutes sortes de revendications populaires.
Une «face-saving device» pourrait toutefois être trouvée dans le cas Joyram. Par exemple, pourquoi ne pas nommer un économiste supporter de Joyram sur le comité chargé du Petroleum Pricing Mechanism (PPM) ? Le MSM demanderait alors à un chatwa de démissionner pour faire de la place pour le nouveau nominé. Joyram pourrait ainsi regagner sa demeure en souhaitant que le nouveau membre parti dans une mission de «kass-pake» tire au clair toute cette affaire de prix.
Toute cette expérience de grève de la faim aura été bénéfique en enseignements. Par exemple, les diététiciens et les médecins pourraient apprendre comment vivre et maintenir son esprit sain sans s’alimenter normalement pendant plusieurs jours. Dans un contexte difficile où les Mauriciens, au bas de l’échelle, rencontreraient des difficultés à s’approvisionner en raison de la hausse des prix, l’expérience Joyram serait extrêmement utile.
Toujours dans le cas Joyram, le gouvernement pourrait se voir offrir une occasion en or pour désamorcer la bombe. Il suffirait que ce dernier manifeste le moindre signe de malaise pour que des ambulances avec médecins et infirmiers partent rapidement sauver une personne en danger de mort. Préférablement vers 03h00. Pour l’admettre à l’hôpital et placer le citoyen engagé sous perfusion. Le fils Pravind ne commettrait certainement pas l’erreur de menotter le pauvre Joyram comme le papa l’avait fait avec le syndicaliste anti-MSM d’alors Showkutally Soodhun.
En sus des avocats, activistes et autres engagés, il faudra aussi reconnaître sur le podium des nouvelles célébrités ces acteurs de réseaux sociaux et des plateformes numériques dont l’inimitable et dévastateur Paul Lismore et le toujours bien renseigné Rajen Valayden. Ces derniers sont largement suivis sur le web et leur audience dépasse celle visée par les conférences classiques des partis politiques les samedis.
Compte-t-on aussi des journalistes parmi les superstars new-look de 2022 ? Pas nécessairement. Des journalistes ont été bel et bien des sommités dans le passé. Ainsi Noël Marrier d’Unienville (NMU) à travers ses écrits explosifs anti-hindous dans Le Cernéen, Aunauth Beejadhur, Marcel Cabon et André Masson étaient régulièrement traînés sur la place publique. Il n’y a rien de nouveau de ce côté sauf que les médias électroniques modernes créent un énorme plateau à l’échelle planétaire pour animer le spectacle. En 2022, on connaît bien Al Khizr dans le pays mais aussi dans la diaspora mauricienne, du Canada à l’Australie en passant par l’Europe, let alone la prima donna de haut calibre.
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