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Corruption des esprits

10 décembre 2022, 09:00

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Le lien entre le déclin de la démocratie et la progression de la corruption est indéniable. En attendant le prochain classement de l’indice de perception de la corruption de Transparency International, qui devrait confirmer notre dégringolade, il importe qu’on questionne le rôle de la commission anti-corruption, alors que l’on s’apprête à créer une nouvelle institution qui chapeautera l’ICAC, la Financial Crime Commission. 

L’ICAC a été créée en 2002, après la mise en application de la Prevention of Corruption Act, dont Ivan Collendavelloo est considéré comme l’un des pères fondateurs. 20 ans plus tard, après avoir englouti environ Rs 3 milliards des contribuables, l’on pourrait arguer que l’ICAC nous a peut-être fait davantage de tort que du bien. En 2002, nous étions à la 40ᵉ place sur l’indice de perception de la corruption, et selon le dernier classement (2021), nous occupons la 46ᵉ place. 

Dommage que dans le cadre la journée mondiale contre la corruption, on n’a pas pu échanger avec un porte-parole de la commission, hier, sur les ondes de Radio-Plus, car l’ICAC a choisi de ne pas venir affronter les journalistes, les représentants de la branche mauricienne de Transparency International et l’ancien directeur des enquêtes et avocat-politicien, Roshi Bhadain. Pourtant, la mission de l’ICAC est de sensibiliser le public et d’expliquer les différentes formes de fraude et de corruption, qui, de notre perspective, gagnent dangereusement du terrain, alors que les enquêtes n’aboutissent toujours pas dans une large mesure. 

*** 

Relire le programme gouvernemental de l’Alliance Lepep de 2014 permet de mesurer l’écart grandissant entre les promesses électorales et les actes oubliés ou manqués du gouvernement du jour. Certes, des quatre dirigeants de l’équipe initiale, il n’y a plus SAJ, Xavier-Duval et Ivan Collendavelloo aux commandes, alors que Pravind Jugnauth reste désormais seul aux commandes. Quelques extraits du programme de Lepep: «Consolider la démocratie est un impératif de stabilité et de développement que nous tenons à coeur. Nous allons garantir les droits fondamentaux de la population tels que garantis dans la Constitution du pays (…) Nous prenons également un engagement ferme pour combattre la fraude et la corruption (…) Nous allons entreprendre une réforme au sein des ministères et corps parapublics afin d’assurer la transparence, la redevabilité et l’efficience. (…) La télévision privée sera introduite et les chaînes de télévisions privées seront encouragées à organiser des débats sur des questions d’intérêt public. La MBC sera réorganisée pour qu’elle joue réellement son rôle de radio-télévision publique. Une «Freedom of Information Act» sera introduite pour garantir la transparence et permettre la libre circulation des informations (…) La liberté d’opinion sera respectée. Tout citoyen pourra assister à des meetings publics, des congrès ou participer à des manifestations pacifiques sans crainte de sanctions ou de victimisation (…) Une loi anti-transfuge sera introduite (…) Une réforme électorale sera adoptée en tenant compte des impératifs de stabilité pour gouverner. Une dose de proportionnelle sera introduite ; Nous introduirons une nouvelle législation – la Financing of Political Parties Act – afin de promouvoir l’ouverture et la transparence dans le monde politique…» 

Entre les discours et les actes, la corruption s’est installée. Elle gangrène notre démocratie.