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Le spectre de la fraude électorale
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Le spectre de la fraude électorale
L’opposition aux Fidji a réclamé cette semaine l’arrêt du décompte des voix aux élections législatives. Elle invoque une «grave anomalie» qui remettrait en cause le scrutin. Le «Irfan Rahman» de là-bas, un certain Mohammed Saneem, n’a pas tardé à réagir pour révéler qu’une anomalie avait en effet été détectée.
Le commissaire électoral fidjien a parlé d’un «décalage» entre les votes exprimés et le décompte d’un candidat, auquel le bureau électoral avait «remédié» en «revoyant l’ensemble du mécanisme par lequel nous diffusions les résultats». L’irrégularité, survenue tard dans la nuit, a dominé les bulletins d’information et a été accueillie avec scepticisme et colère sur les réseaux sociaux, mais Mohammed Saneem a défendu l’intégrité du décompte. Après des discussions tendues, un recours en justice est envisagé.
«Nous en avons assez de ces élections truquées», a déclaré aux journalistes Mahendra Chaudhry, leader du Parti travailliste fidjien et ancien Premier ministre, comme en écho à Navin Ramgoolam, qui n’a pas digéré sa défaite au numéro 10, en dépit du retrait de sa pétition électorale, qui, après presque trois ans, n’avait pas encore été prise sur le fond.
Plusieurs analystes pensent que le problème «pourrait saper la confiance dans les élections aux Fidji dans leur ensemble». «Cela sapera probablement la confiance dans le bureau des élections et Saneem en tant que superviseur». Cette situation est tendue dans un pays habitué aux coups d’État, d’autant que les décomptes partiels témoignent d’une course serrée.
À Maurice, Navin Ramgoolam, après sa rencontre avec Xavier Duval et Paul Bérenger, annonce qu’il va s’opposer à la présence de toute salle abritant des ordinateurs dans les centres de vote. Car, selon lui, cela pourrait être source de «fraude électorale», en s’appuyant sur le cas fidjien.
Que ce soit aux États-Unis, aux Fidji, ou à Maurice, l’intégrité des processus électoraux ne peut que souffrir de ces accusations, si les institutions, à condition qu’elles soient indépendantes bien évidemment, n’arrivent pas à rassurer le public.
Chez nous, le nombre record de personnes qui n’ont pu voter lors des dernières législatives, de même que l’ajout de nouveaux votants venus de l’étranger (par le truchement d’un accord émanant du Commonwealth) ont semé le doute dans le tête de plus d’un.
Heureusement qu’on n’a pas chez nous un Donald Trump qui a incité ses partisans à marcher sur la capitale afin de prendre d’assaut le Parlement, comme cela s’est passé le 6 janvier 2021 en plein coeur de Washington, DC. Notons que Trump, après une enquête menée conjointement par des républicains et des démocrates, sera poursuivi sous une charge criminelle pour son discours incitant aux désordres post-électoraux – qui ont fait sept morts. Une vilaine première pour un président américain !
En analysant les discussions en ligne sur quatre plateformes : Twitter, Instagram, Facebook et Telegram, des chercheurs en sciences politiques ont conclu que les allégations de fraude électorale n’ont pas encore réussi à pénétrer des écosystèmes informationnels mainstream en France, et à peser véritablement sur l’opinion publique française et les élections. Selon eux, un système électoral a une résilience vis-à-vis de ces discours qui n’arrivent pas à fournir des preuves concrètes. Cependant, l’irruption des accusations de fraude électorale lors des législatives et votes à l’Assemblée nationale suggère que ces narratifs pourraient s’inscrire dans le temps long et générer de la défiance envers les processus électoraux sur la durée et continuer à terme d’affaiblir davantage la confiance dans les institutions, surtout quand on place des marionnettes à leur tête…
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