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Un ballon, une idée et des morts

12 février 2023, 08:24

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L’incident du ballon chinois, qui est passé au-dessus des États-Unis avant d’être abattu, a eu le don d’envenimer les relations entre les deux plus grandes puissances du monde et de faire déraper les tentatives de renouveler le dialogue entre eux. En effet, les Américains ayant qualifié ce ballon de 60 mètres de haut de ballon «espion», annulaient, entre autres, un voyage en Chine que devait faire, quelques jours plus tard, Antony Blinken, le Secrétaire d’état américain, pour rencontrer Xi Jing Ping. La Chine ayant commencé par présenter des excuses, terminait la semaine en évoquant une riposte et un retour de manivelle. Une des porte-parole du ministère des Affaires étrangères chinois, qui déclarait souhaiter le retour du ballon, se nomme… Madame Mao.

Cet incident pourrait relever de la grosse farce, si elle ne révélait pas l’état de nervosité inquiétant qui a gagné le monde. En effet, à l’ère où des satellites espions, américains, chinois ou autres, peuvent repérer, à 3 millions de pieds au-dessus de la terre, un chat à sa surface, que pourrait bien apporter de plus un ballon à hélium à 60 000 pieds ? On le saura peut-être quand les Américains auront terminé l’analyse du ballon chinois qu’ils ont canardé au-dessus de l’Atlantique ? Ou alors, ils devront admettre qu’ils ont détruit un vrai ballon météo, qui avait vraiment perdu son chemin… Mais dans tous les cas, la moindre des choses, côté chinois, n’était-elle pas, en amont, de passer un coup de fil aux Américains et d’expliquer comment leur ballon était à la dérive ? N’est-ce pas ce que l’on fait, entre voisins bien élevés, quand on va récupérer le ballon du gosse qui a franchi la palissade par mégarde ?

Ajoutez-y le false news qu’aura tenté de lancer on-ne-sait-qui-mais-on-s ’en-doute, en semaine, sous le couvert du prestigieux label de Reuters, semble-t-il, «kidnappé» et qui affirmait que le ballon n’était pas du tout chinois, mais… américain ! Et comment ne pas enrubanner le tout avec la déclaration du général Van Herck de l’US Air Force qui déclarait que les militaires américains n’avaient pas détecté au moins quatre ballons chinois précédents – trois sous la présidence Trump et un autre sous celle de Biden lui-même ! Sans expliquer comment ils ont fait cette «découverte» ex-post facto ! Ils avaient tout simplement été classés, dans l’indécision, comme des OVNIS !

Ce qui est certain, c’est que cet incident a fait jubiler les faucons favorables à la guerre, tant en Chine qu’aux États-Unis ! Ceci est d’autant plus inquiétant, note le Guardian, que l’atmosphère se dégrade en Orient, notamment à cause des velléités chinoises sur Taïwan, de son traitement de Hong Kong et des Ouighours ; et de ses prétentions unilatérales sur la Mer de Chine, aux dépens des droits et réclamations des Philippines, du Vietnam, de l’Indonésie, de la Malaisie et de Brunei. Cette agressivité chinoise a même mené le Japon et la Corée du Sud à sérieusement se militariser récemment et a poussé les Philippines, longtemps prochinois, sous Duterte, à inviter, sous Marcos junior, les Américains à une présence renforcée chez eux !

Tout cela n’augure rien de bon. Pour la paix du monde, il faudra bien que les colombes deviennent plus agressives que les faucons bientôt ! Et surtout bien plus productives. Sinon…

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Ayant passablement critiqué l’inconséquence et la perte de temps du record mondial du plus grand drapeau humain jamais enregistré par le Guiness Book of Records dans la chronique intitulée «Des défis, il y en aura !» (*), un lecteur assidu signant Pramod me demandait la semaine dernière, ce qui aurait pu avoir été fait de différent et, de plus, valable. Mon ébauche de réponse ne fut affichée que tard samedi et pourrait vous intéresser, si comme ce lecteur avisé, vous privilégiez le ranzé plutôt que le kc. Soyez cependant prévenu : ce n’est qu’une idée préliminaire et l’express n’a ni les moyens, ni le temps, pour mobiliser, seul, jeunes et sponsors pour une initiative citoyenne pareille.

 

On aurait là, en fait, la trame d’une période de service national, mais totalement volontaire et motivée seulement par du résultat concret.

 

L’idée est d’organiser et de mobiliser un réseau d’équipes nationales de jeunes et d’étudiants dédiés, dont la raison d’être, pendant un certain nombre d’années, mettons deux, serait de nettoyer et d’embellir leur village et leur quartier de ville, à l’intérieur d’une compétion annuelle nationale avec des prix alléchants – telle une semaine tous frais payés vers un pays champion de la propreté comme le Japon, Singapour, la Suède, la Nouvelle-Zélande… L’espoir serait que l’on puisse, pas à pas, renverser la dérive culturelle locale qui devient de plus en plus tolérante de pollutions quotidiennes de toutes sortes et qui s’éloigne des dividendes qu’apportent invariablement l’autodiscipline et la propreté.

On peut imaginer des équipes de 20 à 25 jeunes de 16 à 25 ans qui se formeraient démocratiquement, renouvelant leur équipe chaque année si des membres devenaient trop «vieux», ou d’autres devenaient trop peu productifs. On peut espérer que nos jeunes ASPIRENT, au bout d’un certain temps, à rejoindre cette centaine d’équipes disséminées sur l’île si ces dernières sont bien menées et bien gérées, puisqu’au-delà de la camaraderie dans une activité saine et la formation de caractère qu’on y trouvera, il y aura un prestige indéniable à s’y joindre, sans compter les retombées positives au niveau du CV personnel. On aurait là, en fait, la trame d’une période de service national, mais totalement volontaire et motivée seulement par du résultat concret.

La clé, c’est le leadership et la motivation. Je ne sais pas, par ces temps modernes et plus matérialistes, où l’on va repérer un Clovis Vellin, par exemple qui, au départ, insufflait presque seul la motivation à ses Jeunes fermiers ; mais la direction et l’encadrement doivent venir d’organisateurs, jeunes et dynamiques, sur des contrats de trois ans bien payés ; plutôt, bien entendu, que des bureaucrates déjà installés dans des emplois permanent and pensionable. Le budget annuel total pourrait atteindre Rs 75 m éventuellement et ces jeunes devraient, eux, ne pas être payés ou seulement toucher un modeste stipend. On économisera sur les contrats de nettoyage ; le pays deviendra plus propre, plus sain et plus agréable ; les drains seront moins souvent bouchés ; les touristes que nous accueillons seront moins choqués ; et peut-être même que quelques investissements étrangers pourraient en découler…

Un pays propre et discipliné n’a-t-il pas toujours plus de chance de créer des emplois de qualité et mieux rémunérés ? Voire, de convaincre ses jeunes à ne plus fuir le pays et à y revenir ?

De nombreux rêves ne se concrétiseront jamais. Cependant, 100 % des nouveaux départs commencent tous avec un rêve…

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Le dernier rapport de Statistics Mauritius sur la démographie, pour le premier semestre de 2022, indique que la population du pays a amorcé une courbe vers la baisse.

Derrière ces chiffres, on doit cependant souligner qu’en sus d’une natalité qui baisse (614 naissances en moins versus les 6 693 du 1er semestre de 2021, soit -9,2 %), on meurt aussi plus, puisqu’il y a 1 055 morts de plus, soit +19,3 % par rapport aux 5 464 décès du 1er semestre de 2021.

Si l’on se réfère à la moyenne (stable) de mortalité entre 2018 et 2020, soit 11 007 décès par an, le chiffre de 2021 à 13 274 saute aux yeux, avec 20,6 % (2 267 décès) de plus ! C’est ce que l’on appelle les excess deaths, qui ne peuvent s’expliquer que par les effets directs et indirects du Covid-19 ?

Les chiffres du premier semestre de 2022 (+19,3 %, soit 1 055 morts de plus qu’en 2021) indiquent les mêmes tendances… Statistics Mauritius prédit en fait 13 480 décès pour 2022.

Faut-il vous faire un dessin ?

Les chiffres officiels de l’OMS montrent, cumulativement, seulement 1 003 décès dus au Covid-19 jusqu’au 30 juin 2022 et 1 044 jusqu’à décembre 2022…

Question : si les décès non-Covid augmentent plus rapidement que ceux dus au Covid, avons-nous un problème de classification, Monsieur le ministre Jagutpal ?