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Consternations !
Un salaire de Rs 650 000, cela équivaut, avec un 13e mois, mais sans comptabiliser d’autres petites gratifications par-ci, par-là, à des revenus annuels de 169 000 euros. C’est déjà bien plus, selon EuroNews, que le salaire annuel de M. Pedro Sanchez en Espagne (87 000 euros), de Georgia Meloni en Italie (80 000 euros) ou de Kyriakos Mitsotakis en Grèce (77 000 euros – dont 1 800 euros de revenus agricoles). Font-ils moins de travail… utile ?
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En France, on en est à la 14e journée de protestations, notamment syndicales, contre le relèvement de l’âge de la pension de 62 à 64 ans. Il y avait, à ce propos, entre 800 000 (selon les autorités policières) et 2 millions de manifestants (selon les organisateurs syndicaux) dans les rues de France le 1er mai dernier, réclamant tous que l’âge de la retraite demeure à 62 ans.
Pendant ce temps-là, comme le soulignait si bien Roy Wood Junior, comédien américain, lors du dîner annuel des correspondants de presse à la Maison Blanche, deux hommes âgés de 80 ans et 76 ans respectivement, Joe Biden et Donald Trump, ont décidé de se battre férocement pour travailler encore quatre ans à un poste à «pénibilité» certaine : la présidence des États-Unis ! Devinez donc quel pays saura trouver le vent en poupe plus régulièrement à l’avenir…
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De plus en plus d’individus qui se font attraper avec de la drogue disent avoir été piégés et crient désormais au «planting». Cet automatisme aurait sûrement eu bien moins de chance d’être accepté par l’opinion publique si la crédibilité des autorités d’investigation du pays, en particulier de la police, n’avait pas été ébranlée… par elles-mêmes. Les enquêtes qui s’éternisent ou qui s’écroulent en cour de justice, les charges provisoires abusives, les longs mois (parfois des années !) passés en prison en attendant un dossier à charge plausible et ancré dans des preuves, les tortures imposées à divers prisonniers en état d’arrestation pour obtenir leurs aveux, la corrélation de plus en plus marquée entre les arrestations et une certaine forme d’opposition au pouvoir, quelques cas de «planting» plutôt évidents ont permis d’instaurer un environnement vraiment toxique qui mine la confiance du citoyen et lui fait peur.
On a mis ce pays dans une situation pourrie où l’on ne sait plus si tous ceux qui sont arrêtés avec de la drogue sont invariablement coupables. C’est grave ! Et seuls des hommes crédibles pourront, pour sûr, tenter de renverser cette situation.
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En 2019 déjà, Gabriel Moussiengo, inspecteur général des services administratifs à la fonction publique du Congo, en était à son énième audit des agents publics en deux décennies et il estimait les agents fictifs de l’État à environ 11 000, hormis l’armée. L’année suivante, le journal Le Monde rapportait que la réforme de 2011 qui bancarisait les salaires du secteur public plutôt que de payer en liquide n’avait pas réussi à «éradiquer 133 253 agents fictifs auxquels s’ajoutent 43 253 doublons», c.-à-d, des agents publics touchant au moins deux salaires, selon un rapport du parquet général à l’inspection générale de la police.
« On a mis ce pays dans une situation pourrie où l’on ne sait plus si tous ceux qui sont arrêtés avec de la drogue sont invariablement coupables. C’est grave ! Et seuls des hommes crédibles pourront, pour sûr, tenter de renverser cette situation. »
Selon la plus récente révélation de l’inspecteur général des finances de la RDC, M. Jules Alingete, sur les antennes de Radio France Internationale (RFI), après une enquête d’une année sur les 1 462 757 agents et fonctionnaires pris en charge par le budget de l’État congolais, ce sont 800 millions de dollars qui seraient perdus annuellement à payer des agents fictifs et des doublons ! (*) Il est ainsi estimé que le quart de la fonction publique du pays est, à ce seul titre, payé sans justification aucune ou sans travail en retour. Cela fait plus de 25 ans que l’on évoque le problème et que celui-ci continue pourtant à grossir. À presque 350 000 «fictifs» à ce jour!
Il n’est peut-être pas étonnant, dans ces circonstances, que les syndicalistes émettent des réserves sur la question et tentent de relativiser. Gageons que les droits acquis (les fameux vested interests) sont devenus tels, que les politiciens aussi doivent marcher délicatement sur autant d’œufs. Des œufs toujours plus nombreux ! Imaginez seulement ce que l’on peut faire pour son peuple avec 800 millions de dollars, soit Rs 36 milliards !
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Qu’est-ce qui fait que de nombreux politiciens, surtout dans les pays plutôt pauvres et à gouvernance relativement faible, semblent être, avec les membres de leur famille, parmi les individus les plus fortunés ? Sont-ils plus intelligents, plus créatifs, plus méritants ?
De la famille Marcos aux Philippines aux Duvaliers d’Haïti, de Ben Ali au Soudan aux Dos Santos de l’Angola et à tant d’autres, ils semblent tous être diablement plus malins que leurs concitoyens et quand ils quittent leurs fonctions, de gré ou de force, ils sont invariablement tous bourrés aux as. Ne connaissant pas encore les actifs et la fortune de nos propres dirigeants (qui selon la Declaration of Assets Act de 2019 ne peuvent être vus que par l’ICAC !), nous n’avons donc aucun moyen de commencer à juger à quel point nos dirigeants à nous sont malins ou pas…
En attendant, on en apprenait de belles cette semaine sur la famille de Robert Mugabe qui régna sans partage sur son pays entre 1980 et 2017. D’abord loué pour son rôle de révolutionnaire pour libérer son pays du pouvoir colonial et de la domination de la minorité rhodésienne blanche, Mugabe se radicalisera rapidement, accusant l’Ouest d’hypocrisie et d’extorsion. Son parcours l’aura vu être emprisonné pendant 11 ans, en exil pendant deux ans avant d’être élu Premier ministre en 1980 après quelques années de guérilla contre la minorité blanche qui possédait la majorité des terres fertiles et tous les postes clés du pays. Au pouvoir, Mugabe mènera son pays à la catastrophe, en conduisant une guerre tribale contre les Matabeles minoritaires (20 000 morts) et en détruisant l’infrastructure productive du pays, notamment en nationalisant brutalement les fermes détenues par les Anglos.
Au fait, lors du procès en divorce engagé par la fille de Robert Mugabe, contre son mari volage, Chikore, on aura vu ce dernier réclamer une part substantielle de leurs biens communs, acquis selon lui, avec l’argent qu’il avait personnellement gagné comme pilote d’avion ou qu’il avait reçu en «dons» et en «rémunérations»… de son beau-père. Ce qu’il réclame, précise Chikore, n’est qu’une goutte d’eau par rapport à ce que possède la famille Mugabe. Il devrait le savoir. Les actifs listés par Chikore comme lui revenant de droit comprennent 25 propriétés résidentielles estimées valoir 102,5 millions de dollars (environ Rs 4,6 milliards !), dont un manoir à Dubaï évalué à 40 millions AED ; 16 véhicules de grand calibre et 21 fermes se trouvant au Zimbabwe, totalisant 23,657,5 hectares (soit presque 70 000 arpents) !
On se souviendra que la politique déclarée de nationalisation des terres de Robert Mugabe ne préconisait explicitement «pas plus d’une ferme par personne» ! Tu parles ! Il faut de plus réaliser que Robert Mugabe avait quatre autres enfants plus une épouse plutôt encombrante, Grace, qui a été gratifiée de deux surnoms plutôt explicites : Gucci-Grace et Dis-Grace. Mentionnons à ce dernier titre, diverses agressions physiques ainsi qu’un PhD en sociologie qui lui fut conféré par l’université du Zimbabwe, deux mois après son inscription. Son doctorat lui fut remis par le Chancelier, un certain… Robert Mugabe.
Le journaliste d’investigation Hopewell Chin’Ono de commenter que l’on peut dès lors comprendre pourquoi les membres du parti Zanu-PF de Mugabe sont disposés à tuer pour cacher leurs actifs et/ou pour demeurer au pouvoir. Au demeurant, c’est son parti, le ZANU qui le mettra de côté en 2017 au profit de son 1er vice-président qu’il venait de licencier, Mr Mnangagwa, dit le «Crocodile». Mugabe obtenait, en contrepartie de sa démission, l’immunité diplomatique totale, une maison de cinq chambres avec 23 serviteurs, plusieurs véhicules (avec essence ?), 10 millions de dollars, une immunité de poursuites légales pour lui et sa famille ainsi que la préservation garantie de toutes ses activités commerciales et de ses actifs divers !
On peut ou on ne peut pas…
Cet accord ne garantissait toutefois pas la pérennité des contrats de mariage et la préservation des biens des Mugabe contre les partages découlant de divorces…
Gageons que nous ne voulons aucunement ressembler à de tels pays et à de telles familles, de près ou de loin ? Il faut donc s’y atteler, camarades ! Avec courage.
(*) https://www.rfi.fr/fr/ afrique/20230429-rdc-les-emplois-fictifsco%C3%BBtent-800-millions-de-dollarsannuels-au-pays
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