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Des clandestins au Paradis
Déclaration combien révélatrice du no 2 du haut-commissariat du Bangladesh à Maurice: des ressortissants de son pays arrivés à Maurice sur la base d’un permis de travail disparaissent aussitôt les formalités complétées à Plaisance.
C’est dire que le phénomène Bangladeshi disparu dans la nature mauricienne prend des allures dramatiques. «Bangladesh High Commission’s first secretary (labour) Sumon Acharjee, said that some workers were even fleeing from the airport after their arrival», rapporte le journal New Age Bangladesh dans son édition du 9 mai 2023*.
Selon le diplomate, ces Bangladais fugitifs partent sans doute travailler pour un autre employeur, à des salaires plus attractifs que ceux offerts par la compagnie qui les a fait venir à Maurice.
Le journal bangladais estime à 22 000 le nombre de Bangladeshis travaillant actuellement à Maurice mais se dit ne pas être en mesure de dire combien d’autres résident et travaillent dans la clandestinité chez nous. Quelque 78 000 Bangladais sont venus à Maurice depuis 1992, l’année où Maurice opta pour le recrutement de travailleurs de ce pays pour faire rouler nos usines de textile. Depuis, les Bangladais ont considérablement diversifié leur champ d’activités ouvrant même des boutiques.
Force est de reconnaître que les Bangladais, de rudes travailleurs, ont contribué énormément à la prospérité économique de Maurice bien que souvent exploités dans des conditions abjectes par des employeurs sans scrupule. Ils sont généralement gentils et point bagarreurs. Ils sont loin d’être des voyous qui importunent des jeunes Mauriciennes dans les centres commerciaux.
Les Bangladais sont malheureusement liés à des controverses politiques. On parle souvent de l’utilisation de Bangladais pour faire grossir des foules à des rassemblements politiques. Il faudrait mettre sur le compte d’un ancien ministre avec un fort ancrage rural le recours dans les années 1990 à ces travailleurs étrangers lors des opérations politiques.
Après les élections de 2019, on a pris connaissance de sérieuses allégations sur l’utilisation de Bangladais comme des votants à la place d’électeurs enregistrés qui ne s’étaient pas rendus au centre de vote. Des opérateurs extrêmement doués – et informés – auraient mobilisé des Bangladais pour aller voter à la place de ces Mauriciens. Selon Jean Claude de l’Estrac, ils n’étaient que 199 Bangladais inscrits officiellement comme électeurs. Mais ceux qui soutiennent les allégations de fraude avec la participation des Bangladais parleraient surtout d’étrangers qui ont été utilisés pour voter à la place des Mauriciens surtout durant les dernières heures d’opérations fébriles de ‘grattage’ – selon une tradition bien de chez nous – avant la fermeture des centres de vote.
Suivant ces allégations, les Mauriciens tout en appréciant l’énorme apport à notre économie des Bangladais seraient extrêmement méfiants de ces étrangers quand des batailles de foule sont engagées, durant les campagnes électorales et surtout le jour du scrutin.
Malheureusement, une forte controverse politique planerait sur les Bangladais à l’ avenir lors des prochaines élections.
Le pays connaîtrait des problèmes d’une autre nature si les Bangladais opérant dans la clandestinité et vivant dans le désespoir se mettaient à commettre des délits en s’attaquant à des Mauriciens et surtout à des touristes. Les forces de sécurité si promptes à sévir contre des empêcheurs de tourner en rond seraient-elles si dépourvues de moyens pour savoir où opèrent ces clandestins et où ils logent ? Ou serait-il question de tout un réseau qui opère en graissant les pattes à gauche et à droite ? Ce qui explique comment le Bangladais fraîchement débarqué à l’aéroport prend le large aussitôt.
Il faudrait aussi se demander si des Bangladais clandestins ne finissent pas par acquérir – frauduleusement cela s’entend – des passeports mauriciens pour se rendre en Europe, en Grande-Bretagne surtout.
Dans le passé, des Sri-Lankais avaient réussi à s’établir à l’étranger grâce à un passeport mauricien acquis dans des circonstances mystérieuses. Il serait intéressant de savoir si la destination finale des étrangers venus de pays pauvres et opérant dans la clandestinité à Maurice ne serait pas le paradis final – l’Europe – au lieu d’un poulailler ou d’une boulangerie de chez nous.
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