Publicité
C’est la guerre !
Le plaisir avec lequel le PM a répondu à la question de Kavi Doolub au Parlement cette semaine était à l’étalage. Le sourire était au coin des lèvres. L’énumération des diverses pilules trouvées dans le coffre de Navin Ramgoolam, était lente et appuyée pour un effet maximum. Les ricanements et les remarques salaces que le PM produisait chez ses pairs lui suggéraient sûrement qu’il avait marqué des points et qu’il avait fait du beau boulot ?
Il va falloir déchanter !
Les réactions négatives pleuvent. La question qui ressemble diablement à une question plantée (comment en effet conclure autrement face à une question concernant des faits déjà plus ou moins connus, huit ans après ?), n’est surement pas d’intérêt public, ne concerne nullement le bien-être des mandants de Doolub et n’avance à rien de concret ; sauf à confirmer que ce gouvernement ne semble pas près de s’arrêter à rien, dans sa guerre pour retenir le pouvoir.
Qu’est-ce qui va suivre maintenant ? La liste des adversaires qui fréquentent des sites pornographiques ? Celle de ceux qui achètent plus de whisky que normalement requis ? Ou celle de ceux qui ne sont pas en règle avec la MRA ?
***
On ne parle plus beaucoup de la guerre en Ukraine. On a tort. Depuis quelque temps déjà, la guerre dont on parle plus est celle du Soudan où deux généraux s’étripent mutuellement, notamment à Khartoum, causant des souffrances innommables à la population et mettant, par ailleurs, en souffrance leur rêve d’une transition douce vers la démocratie, après la chute d’Omar el Béchir en avril 2019.
La question qui ressemble diablement à une question plantée (...) ne concerne nullement le bien-être des mandants de Doolub et n’avance à rien de concret.
L’équation ukrainienne est beaucoup plus sérieuse, d’autant qu’elle n’est pas prête de se résoudre et qu’elle est indéniablement capitale pour l’avenir de l’Europe, et même de la planète. On peut d’abord noter que la Russie, pour engluée qu’elle est dans son invasion de l’Ukraine et notamment à Bakhmut, semble avoir une économie qui tourne nettement mieux qu’espérée par les pays qui lui ont imposé leur boycott ! Le rouble, de son côté, après avoir chuté dramatiquement pendant quelques semaines après l’invasion de février 2022 dépassait sa parité pré-guerre dès mai 2022, ce qui est toujours le cas, malgré un fléchissement marqué depuis décembre. Pendant ce temps-là, la roupie perdait 5 % face au dollar. Le rouble plus solide que la roupie ? Qui l’eût cru ? ….
Si un accord avait été trouvé pour l’exportation des céréales ukrainiennes en juillet 2022, ce qui aurait permis à 30,3 millions de tonnes de quitter les ports de la mer Noire, cet accord avait piétiné dans l’indécision du renouvellement des Russes, obtenu d’ailleurs in extremis, ce mercredi. Dans ces circonstances brouillées, un récent ralentissement des exportations vers des destinations lointaines, comme l’Égypte ou le Pakistan, a eu un effet imprévu et embarrassant… En effet, les productions colossales ukrainiennes ayant été réorientées récemment vers l’Europe de l’Est, auront causé des baisses de prix à tel point que le gouvernement polonais, qui soutient pourtant farouchement Kiyv, bannissait les importations d’Ukraine pour protéger ses propres fermiers ! La Hongrie, qui a, elle aussi, des élections à son horizon, a fait pareil. L’Union européenne a chouiné. Ce veto des Russes peut donc, à tout moment, reconstituer des montagnes de céréales en Ukraine et remettre les prix mondiaux dans l’ascenseur ? Est-ce soutenable ? Acceptable ? En attendant le PIB ukrainien en 2022 aura baissé par 29,1 %, alors que la contraction russe, attendue à 12/15 % n’était que de 2,1 %...
Cette guerre absurde n’est pas à un déséquilibre près. L’agresseur a un PIB de USD 10,216 en 2022, alors que l’Ukraine en était à… USD 2,452, même si ça va un peu mieux en PPP. Bien pire, si l’«opération spéciale» des Russes leur permet de bombarder là où ils veulent en Ukraine, détruisant infrastructures, sources d’énergie et habitations civiles, les Ukrainiens, quant à eux, ne peuvent intervenir que sur leurs territoires, qui sont occupés par les Russes! Ceci est, en fait, imposé par les pays qui lui fournissent armes, munitions et aides budgétaires, parce qu’ils ne souhaitent pas provoquer l’ogre de Moscou, ce qui pourrait mener à une confrontation directe avec l’OTAN !
Est-ce que cela n’équivaut pas à un match de boxe où l’un des deux (le plus faible, en plus !) doit boxer avec une main attachée derrière le dos ? Qu’est-ce qui explique, par ailleurs, pourquoi l’aide militaire à l’Ukraine est jugée acceptable par les démocraties, alors que celle fournie aux Russes, par l’Iran ou la Chine, ne le serait pas ? Mettrait-on cela au compte du fait que l’agresseur ne doit pas être traité aussi généreusement que l’agressé ? N’est-ce pas au moins un peu utopique !
Le G7 est à Hiroshima cette semaine. Il faut pourtant se rendre compte de son inconséquence grandissante.
Ce qui transpire plus récemment c’est que les «lignes rouges» russes ont évolué. Ce qui menait Poutine à brandir la menace atomique, il y a seulement quelques mois, ne fait apparemment plus tressaillir aujourd’hui. Les Mig 29 remis aux Ukrainiens ces jours-ci par la Pologne et la Slovaquie étaient considérés comme trop risqués, il y a seulement six mois de cela ! Les missiles à plus longue portée sont devenus apparemment acceptables, les Ukrainiens se faisant fort d’obéir à leurs fournisseurs de ne pas viser le territoire russe avec. Les tanks, Léopard et Challenger pour le moment, renforcent allègrement les vieux T64 hérités des Russes. Après les systèmes HIMARS à portée de 50 kilomètres, on considère maintenant les ATACMS qui ont un rayon de 200 kilomètres, tant que la frontière russe est respectée comme la frontière ukrainienne ne l’a pas été…
Sale guerre va !
Il faut d’ailleurs encore se rappeler que toute discussion à venir pour que cesse cette guerre va être extrêmement compliquée. D’abord parce les positions sont de prime abord irréconciliables (l’Ukraine veut retrouver tous ses territoires, y compris la Crimée ; la Russie pense que ceux-ci sont, de droit, les siens…) ; ensuite parce que ceux qui souhaiteraient des votes d’auto-détermination dans le Donbass et en Crimée sous-estiment totalement les effets de la «russification» ayant suivi les invasions russes; aussi parce qu’il s’agirait de confirmer que nous ne sommes plus à l’ère de la loi du plus fort – ce qui ne plaira pas à certains – et finalement, parce que la dernière convention qui garantissait les frontières ukrainiennes, en 1994 (à l’occasion de son renoncement des armes nucléaires, alors que l’empire soviétique s’écroulait) n’a pas été très utile en 2014, quand Poutine envahissait la Crimée effrontément !
En effet, l’un des trois GARANTS des frontières ukrainiennes en 1994, avec les Britanniques et les États-Unis avait été… la Russie !
***
Ils semblent bien convaincus du nondroit des citadins ! Si nous annulions tout bonnement les municipalités ?
***
Le G7 est à Hiroshima cette semaine. Il faut pourtant se rendre compte de son inconséquence grandissante. Le G7, qui regroupe le Canada, la France, la Grande-Bretagne, les États-Unis, le Japon, l’Italie et l’Allemagne, représente, grâce à la présence américaine, bien 45 % du PIB mondial. Cependant, la Russie a été membre d’un G8 entre 1998 et 2014 quand elle fut expulsée après l’invasion de la Crimée et, à ses débuts, le G7 représentait les sept plus grosses économies du monde. Ce n’est plus le cas. La Chine, 2e économie mondiale, ne veut pas y être et préfère se présenter comme un pays «en développement». Elle se contente d’être membre du G20. L’Inde, 4e économie mondiale, n’y est pas non plus (même si invitée à Hiroshima, comme le Brésil d’ailleurs, qui est le 8e mondial). La Corée du Sud et l’Australie (12e et 13e mondiaux) n’y sont pas invités. L’Indonésie, 16e mondial, si ! Allez comprendre…
C’est le même genre de cacophonie au niveau du Conseil de sécurité de l’ONU. Les cinq membres permanents regroupent cette fois la Chine, mais pas l’Inde. Ces cinq membres ont un droit de veto permanent. On peut donc être évacué du G8, mais pas du Conseil de sécurité, même si l’on a enfreint des règles fondamentales de conduite internationale, comme le non-respect de la souveraineté nationale d’un pays tiers comme l’Ukraine. Les invasions de l’Afghanistan (2001) et de l’Iraq (2003) ont quand même été bien différentes du point de vue de la loi internationale (*) !
(*) https://www.realinstitutoelcano.org/en/analyses/iraq-and-afghanistan-a-comparison-based-on-international-law-ari/ - :~:text=The%20 UN%20Security%20Council%20 approved,ISAF%2C%20Resolution%20 1386%20of%202001)
Publicité
Les plus récents