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N’écoutez pas ce qu’ils disent Regardez ce qu’ils font

25 juin 2023, 09:00

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«Ma seule motivation est d’informer le public sur ce qui est fait en leur nom et ce qui est fait contre eux.» 

<p style="text-align: right;"><strong>Edward Snowden</strong></p>


Faut-il croire une seule seconde ce gouvernement quand il évoque, pour se donner une image moderne, une future législation, la Whistleblowing Act, pour encourager et protéger les lanceurs d’alerte des autorités comme l’ICTA et la SST ? 

Bien sûr que NON. 

D’autant qu’il vient carrément de renier sa promesse électorale par rapport à l’avènement d’une Freedom of Information Act (apparemment, trop coûteux, même si c’est le cinquième du budget de l’ICAC) ? 

Alors que les législatives sont derrière la porte, pourquoi Pravind Jugnauth va-t-il s’embarrasser en renforçant le cadre juridique existant en matière de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme ? 

Chez nous, des enquêtes criminelles sont initiées sous la Judicial and Legal Provisions Act (amendée en 2018). Des pages Facebook de ceux qui n’ont pas peur d’exprimer leurs opinions citoyennes sont bloquées et subissent les attaques des Trolls du pouvoir. 

Dommage ! De Greta Thunberg à Edward Snowden, du fonctionnaire anonyme au «self-proclaimed swindler» Rahim ou du témoin oculaire Etwaroo, les lanceurs d’alerte peuvent prendre plusieurs formes, d’où la difficulté de s’entendre sur une définition internationale du terme. Un lanceur d’alerte serait-il aussi un délateur ? Un dénonciateur ? Un calomniateur ? Un journaliste ou un justicier ? Un simple citoyen ou fonctionnaire faisant son devoir civique ? Du Yerrigadoogate aux Mauritius Leaks, en passant par la Platinum Card d’Ameenah Gurib-Fakim ou les notes de restaurant d’Etienne Sinatambou, ou encore la soirée sur une chasse à Grand-Bassin, les faits mis en avant par des lanceurs d’alerte et/ou des journalistes permettent d’améliorer le fonctionnement démocratique à bien des égards... Même si l’ICAC vient mettre le couvercle ensuite sur la casserole. 

Dans une société où la télévision privée n’existe pas, la presse libre et les réseaux sociaux offrent heureusement un espace de liberté dans le paysage médiatique. 

De par notre expérience de journaliste, on estime qu’il est difficile de faire croire à un citoyen de bon sens qu’un journal, qui ne peut survivre que grâce à sa crédibilité, inventerait des fausses nouvelles dans le but délibéré de faire du tort à X ou à Y. Ce serait, à l’évidence, une politique suicidaire. Les nouvelles inexactes – et il y en a chez nous, comme ailleurs – ne sortent pas de l’imagination de la presse. Elles ont des sources. Et nous faisons amende honorable quand des faits contraires nous sont exposés. 

Mais le lecteur sait-il que, le plus souvent, l’animosité n’est pas vraiment le fait de la presse mais du fait de la «classe» politique qui s’entre-déchire à tous coups, et que les coups bas ne sont pas exclus, surtout quand monte la fièvre électorale, ou quand la panique s’installe ?