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Leur faim de l’histoire

26 août 2023, 23:56

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Relater la quête de reconnaissance historique des dirigeants politiques n’est pas chose facile. Écrire l’histoire immédiate demeure délicate, voire ingrate. Les acteurs seront rarement d’accord avec le regard que l’on porte sur eux. Cela est vrai tant sur le plan mondial que sur le plan national. Alors que les atlas abordent les conséquences du réchauffement climatique et la crise démographique due à la croissance et au vieillissement de la population, la consolidation du bloc BRICS, en opposition au G7, soulève des interrogations sur l’autocratisation mondiale qui est en marche dans différents pays, à des rythmes divers. 

Poutine, Xi Jinping, Modi, Lula et autres incarnent la montée en puissance des dirigeants populistes, menaçant les démocraties traditionnelles tout en intensifiant la lutte contre les inégalités mondiales. À Maurice, une phase de consolidation ou recomposition politique se mêle à des positionnements nouveaux. Pravind Jugnauth, Premier ministre, et ses rivaux qui veulent sa place, Ramgoolam, Bérenger et Duval, aspirent tous à laisser leur empreinte historique dans les manuels d’histoire. Dans la guerre du pouvoir qui vient de se déclarer, Jugnauth a définitivement le plus à perdre, raison pour laquelle il fait tout pour éviter une chute brutale comme celle qu’aura vécue Ramgoolam, empêtré dans des affaires judiciaires et policières à n’en plus finir. 

Ramgoolam a soif de revanche (sur l’histoire), même s’il ne le dira jamais, tandis que Bérenger vise à clore sa carrière différemment et Duval envisage un dernier mandat avant de passer la main. Les héritiers du trio attendent patiemment, applaudissant leurs aînés. L’héritage politique s’entrelace avec des considérations financières et familiales. 

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SSR ne voulait pas que son fils fasse de la politique, tout comme SAJ du reste. Le destin a encouragé le fils Ramgoolam à délaisser les brumes londoniennes pour contrer l’empereur soleil au début des années 1990. Il évoque souvent l’épisode quand sir Anerood Jugnauth envisageait d’abolir le recours au Privy Council comme le déclic de son engagement. 

Paul Bérenger, lui, n’a pas de père politicien. D’ailleurs, c’est sir Gaëtan Duval qui déclare, en 1995, que «mon héritier politique c’est Paul Bérenger», surprenant ce dernier et tous les militants ! Mais par contre, Bérenger ne surprend pas grandmonde quand il prépare l’ordination de sa fille (qui s'agite... en brûlant les étapes), d’autant que ce n’est pas nécessairement la méritocratie qui provoquerait ce choix biologique, dicté par des intérêts politiques. 

C’est évident qu’outre l’héritage politique, les fils ou filles des propriétaires des partis politiques (aur)ont à gérer de gros sous, des caisses occultes. Ces sous dont on ne voit qu’une partie de l’iceberg dans quelques rares rapports financiers, mais qui restent quand même largement cachés, en l’absence d’une loi sur le financement des partis politiques. Ce financement politique qui demeure un indicateur incontournable de la bonne gouvernance et dont la législation possible reste aux mains de ceux que cela gênerait le plus. Pas surprenant donc que personne ne prend d’initiative à cet égard. L’intersection entre la politique locale et l’économie parallèle reste des plus complexes et opaques...