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Dominicales
Ms. Géraldine Hennequin, s’adressant au commissaire électoral dans l’express cette semaine, exprime l’anxiété de certains Mauriciens face à l’exercice électoral, notamment parce qu’en 2019, 6 813 votants n’avaient finalement pu voter, ayant été éliminés des listes électorales car il avait été impossible d’établir physiquement leur adresse récente.
J’ai été parmi ceux-là.
Ms. Hennequin fait une suggestion simple et remplie de bon sens pour éviter un tel taux de privation de droit civique. Elle suggère que les jeunes soient automatiquement enregistrés comme électeurs au moment où, atteignant leur majorité, ils accèdent aussi à leur carte d’identité nationale (NIC). S’ils changent d’adresse par la suite, ce serait À EUX de signaler ce changement à la commission électorale. Ceci économiserait du temps et de l’argent et bien des embarras.
Cependant, aussi logique que soit cette suggestion et pour être juste, sa mise en œuvre ne dépend pas du commissaire électoral, mais du Parlement puisque la clause 42(2) de notre Constitution décrète que «No person shall be entitled to be registered as an elector…(b) in any constituency of which he is not a resident on the prescribed date», ce qui oblige forcément l’Electoral Supervisory Commission à établir la résidence de ses électeurs. Pour adopter la proposition de Ms. Hennequin, il faut donc changer la Constitution, avec une majorité de trois quarts. Cela ne sert donc à rien de dénoncer la commission électorale, si seuls les parlementaires sont habilités à agir.
Et même quand la commission électorale fait apparemment des requêtes répétées au gouvernement, par exemple, pour recommander que le décompte des voix débute le jour même du vote, il ne reçoit systématiquement… aucune réponse. De quoi faire sourciller jusqu’à la lisière du scalp !
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Petite diversion sexuée dans le langage (la langue…), puisqu’on l’accuse parfois d’être sexiste.
Pourquoi, en effet, est-ce que voiture est un mot au féminin en français et un mot masculin en espagnol ? En ces temps où l’on ne discute pas mal des LGBTQ (on a ajouté IA+ depuis… C’est fini, oui ?), y a-t-il une logique dans le genre des mots ou est-ce plutôt arbitraire ?
La question est plutôt compliquée, mais parfois certainement amusante.
Si l’anglais est très largement ‘sans genre‘ (a man, a woman), il faut savoir qu’il existe des langues avec trois genres, le mode ‘neutre’ s’ajoutant au féminin et au masculin ; le russe, le slovène, le grec moderne et l’allemand étant de cette catégorie-là. Il y a même des langues avec un quatrième genre, soit le commun, «utilisé pour le masculin et le féminin ensemble». C’est bien trop subtil pour moi !
En français, pour les mots inanimés, (c.-à-d. relevant du non-vivant), le genre est totalement arbitraire (le mur/la muraille ou une mer/un océan) et les règles n’existent pas, ce qui rend la vie difficile et l’apprentissage par cœur essentiel !
Quelques indications sont cependant supposées aider. Sont du genre masculin les noms d’arbres, les métaux, les corps chimiques, les noms scientifiques (latins) des plantes et des animaux, les noms de jours, des mois et des saisons ainsi que les mots se terminant avec les suffixes -ier, -age, -ement, -in , -is, -ion, -oir. Les suffixes -ade, -aie, -aille, -aison, -ée, -esse, -ille, -tion, -té, -ure sont invariablement associés aux mots féminins. Vous y trouvez une logique quelconque ?
Certains noms vont même jusqu’à changer de genre en même temps que de nombre. Par exemple «amour» au sens de «passion charnelle» est masculin au singulier et souvent féminin au pluriel ! Pour ne rien faciliter, certains noms sont féminins même s’ils ne s’appliquent qu’à des hommes (Sa Sainteté…) et masculins même s’ils s’appliquent d’ordinaire qu’aux seules femmes (un mannequin…). Les noms de pays sont aussi souvent féminins (la Russie, la Chine, la Hollande, la Suède…), que masculins (le Mexique, le Burkina Faso, le Vietnam…).
Faut-il expliquer ?
Conclusion : si la langue est sexiste, ce qui est une affirmation plutôt futile, elle ne saurait dire pourquoi ! Ce qui certain c’est que Le Petit Robert affichait 19 000 mots masculins en 2001 et presque 15 000 mots féminins… Quod erat demonstrandum (NdlR, ce qu’il fallait démontrer) ?
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Les BRICS n’ont jamais connu un profil aussi élevé ! S’ils pouvaient afficher un excellent acronyme qui ne pouvait être amélioré qu’avec l’adhésion du Kenya ou du Koweït, sa résonance actuelle ne peut trouver d’explication que dans les tensions qui grimpent entre les États-Unis et la Chine. Et, dans son sillage, la remise en cause accélérée de l’ordre mondial post-1945, de plus en plus jugé trop à l’avantage ‘de l’Ouest’. On peut aussi supposer que cela découle du fait que les BRICS pèsent de plus en plus lourd face au G7, passant de 8 % du PIB mondial il y a 20 ans à 26 % actuellement, alors que les économies du G7 reculent de 65 % à 43 % de l’économie globale (*).
Notons que les cinq membres des BRICS sont déjà tous dans le G20, ainsi que plusieurs des pays souhaitant actuellement les rejoindre : Arabie saoudite, Argentine, Indonésie… Le G20 étant un forum paritaire, ne suffit-il donc plus à refléter la puissance grandissante des BRICS ?
Il y a certes le fait que certaines institutions internationales (FMI, Banque mondiale (BM), Nations unies) traînent encore des réalités et des contraintes «d’un autre siècle». Les États-Unis dominent toujours la BM et le FMI. Comment trouver logique que la France et le RoyaumeUni ont toujours un droit de veto au Conseil de Sécurité des Nations Unies, mais pas l’Inde ! Cependant, pour la BM et le FMI, Joe Biden prenait l’initiative au dernier G20 de Delhi pour demander des réformes favorables aux pays en développement. Ça va donc arriver. Mais ça va sûrement prendre un certain temps !
Les cinq membres actuels des BRICS, Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud, menés en cela par la Chine, ont, à leur réunion de Johannesbourg cette semaine, considéré l’ouverture à d’autres pays ; plus de 40 ayant exprimé un souhait en ce sens. Cependant, il faut tout de même un certain degré de cohérence au sein de toute organisation, ce qui n’existait déjà pas avec les cinq premiers membres, une réalité qui va sûrement empirer avec les nouveaux !
Le véritable problème des BRICS, élargi ou pas, c’est que la Chine y est aussi dominante que les États-Unis le sont dans le G7 ou dans les institutions de Bretton Woods ! Par exemple, la New Development Bank (NDB) créée par les BRICS en 2015 a un règlement qui stipule que les cinq membres actuels devront toujours y détenir 55 % des droits de vote (des pays tiers peuvent déjà s’y joindre), alors que la Chine insiste, logiquement, pour retenir sa part des droits de vote en proportion de sa contribution, ce qui n’est pas sans rappeler une des critiques majeures faite à l’encontre des Américains à la BM… Quant à une devise de réserve propre aux BRICS, pour contrer et diminuer l’influence du dollar américain, qui peut imaginer que ses cinq membres cèderont la souveraineté de leurs banques centrales à une bureaucratie commune ? Que les BRICS commercent entre eux dans leur devise est plus probable, mais la Chine surveillera certainement alors de près la valeur du rand, du rouble, du real, voire de la roupie, si ces devises étaient, plutôt que le dollar, lourdement utilisées, pour acheter ses productions.
Si la Chine souhaitait avant tout de nouveaux membres, regroupés autour d’elle, pour contrer les États-Unis et ses alliés, et que la Russie y était plutôt favorable, ce ne serait pas le cas des diplomates brésiliens et sud-africains qui étaient flattés d’être les seuls représentants de leur continent respectif et qui penchaient plutôt pour de nouveaux membres de catégorie B. Mais ils ne font pas le poids.
Et que fait l’Inde ? Largement courtisée par l’Ouest, lourdement armée dans le passé par les Russes, clairement intéressée à faire le contrepoids à la Chine dans les pays en voie de développement, empêtrée dans des manœuvres militaires complexes face aux Chinois, jouant crânement ses cartes pour être une des alternatives pour les investissements lourds qui se faisaient jusqu’ici en Chine ; son positionnement a été crucial ce mercredi, et la façade des BRICS est quelque peu lézardée en conséquence. Mais il sera sûrement difficile d’ignorer que la part de la Chine dans le PIB des BRICS qui était de 45 % en 2000 a atteint 70 % à ce jour, ce qui n’est pas d’ailleurs sans rappeler la domination américaine, avec 58 % du total, chez le G7…
Les six nouveaux membres agréés (Arabie, Argentine, Égypte, UAE, Éthiopie, Iran) ajoutent six voix de plus aux débats et 10 % de plus au PIB des BRICS, où la Chine reste dominante avec 63,3 %. La 16e réunion l’an prochain sera plus facile sous un aspect : elle se tiendra en Russie où il ne faudra pas se soucier du mandat d’arrêt contre Poutine…
(*) The Economist, 17th August 2023, The BRICS bloc is riven with tensions
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