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Affaires Varma et Aimée : Le PTr entre passé glorieux et présent sombre

21 mai 2013, 10:13

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Affaires Varma et Aimée : Le PTr entre passé glorieux et présent sombre

Formation politique au riche passé, le Parti travailliste (PTr) se retrouve aujourd’hui avec une image écornée. Cela à cause de certains ministres et collaborateurs qui se permettent des embardées. La formation de Navin Ramgoolam a-t-elle perdu ses valeurs et ses repères ? Constat.

 

«Il ne faut pas généraliser les problèmes de société à un seul parti. Il ne faut pas jeter la pierre quand on vit soi-même dans des maisons de verre. Dire que le PTr encourage l’expression «l’État, c’est nous» est injuste. Il y a, par exemple, une bataille d’orgueil entre personnalités du MMM», avance, d’emblée, Nita Deerpalsing, responsable de l’aile jeune du PTr. Cette tendance, selon elle, relève de la même logique de la bataille d’orgueil. Quand on est au pouvoir, on ne peut pas tout faire. Il y a des brebis galeuses qui sévissent dans tous les partis, soutient-elle. «Navin Ramgoolam nous en fait la leçon à chaque fois. Nous faisons la politique pour servir les autres», ajoute-t-elle.

 

Les incidents impliquant les ministres Varma et Aimée mettent à mal le PTr. Au point que le leader des Rouges a dû faire une déclaration publique affirmant que ceux qui témoignent contre ses ministres n’ont pas à craindre des représailles. Tout cela intervient à un moment où le pays est secoué par des scandales financiers, par ce qui est perçu comme des tentatives de dissimuler des affaires ou encore par certaines nominations politiques à la tête des corps parapublics. Le PTr essaie, tant bien que mal, de se dépêtrer de ces tracasseries. Mais l’opinion publique ne semble plus prête à accepter les premières explications fournies par les gouvernants.

 

Du côté de ces derniers justement, il n’est nullement question d’une quelconque abdication à sa culture ou à ses valeurs. Lormus Bundhoo, par exemple, rappelle que la lutte, entre 1935 et les années 1960, était concentrée sur l’indépendance du pays. Il maintient que les fondamentaux et les objectifs du parti sont restés les mêmes. «En tant que pays indépendant, il fallait que le peuple également puisse devenir économiquement indépendant», précise-t-il. Cela passe par une réforme du système éducatif et la diversification de l’économie principalement. Le ministre se réjouit que ces objectifs aient été atteints avec le temps. «Accordons le crédit qu’il mérite à Navin Ramgoolam qui met désormais l’accent sur le combat contre la pauvreté et sur la préservation de l’environnement», avance Lormus Bundhoo.

 

D’un point de vue historique, Satyanand Peerthum, ancien du MMM et historien, prend à contre-pied le ministre Bundhoo. «Le PTr des débuts n’a rien à voir avec celui d’aujourd’hui.

 

Rappelons que le leader du PTr des années 30 était élu par applaudissements. Ce PTr pratiquait une démocratie directe. Depuis la prise de contrôle du parti par sir SeewoosagurRamgoolam (SSR), les choses ont changé. Ses pratiques sont désormais perpétuées par son fils et une bande d’opportunistes et d’affairistes en profi te», soutient l’historien. Pour lui, le fondateur de l’île Maurice moderne est Maurice Curé, cofondateur du parti rouge. Ce serait, selon lui, ce dernier qui a positionné le PTr comme un parti de masse. Le PTr, à son avis, ne serait devenu que le représentant d’une certaine bourgeoisie d’État. «Nous assistons ainsi à une manipulation éhontée des institutions par le PTr», estime Satyanand Peerthum. Cela est, quelque part, inévitable lorsque les institutions d’un pays sont taillées sur mesure pour une personne en particulier. «Il faut ajouter que, malgré ses défauts, le MMM a empêché de faire du pays une République bananière. D’un autre côté, lorsqu’un système politique est basé sur le clientélisme électoral, il ne faut pas s’étonner que tout le système soit perverti», prévient l’historien.

 

 

Le syndicaliste Jack Bizlall possède une histoire qui mérite d’être raconté mais que c’est aux risques et périls de celui qui le fera. «Car, il faudra assumer le fait que SSR était un anti- PTr. Il faudra aussi qu’il dise que Navin Ramgoolam a commis un parricide politique qu’il a réussi dans une certaine mesure», affirme Jack Bizlall qui, comme bien d’autres observateurs, fait une différence entre le PTr des débuts et le PTr post-Maurice Curé.

 

Un avis que ne partage pas Nita Deerpalsing. Voulant replacer le débat dans une autre perspective, elle soutient que tout ce qui se fait aujourd’hui s’inspire des racines du parti. «Ce sont les mêmes valeurs qui animent le parti et notre culture repose sur ces valeurs. Soit un engagement pour servir les autres, la dignité humaine, le respect des droits des travailleurs et la maîtrise de l’orgueil», insiste-t-elle.

 

Cependant, elle admet que tous les partisans et membres d’un parti ne vivent pas ces valeurs. «Dans les milieux des adhérents, ce n’est pas toujours le cas», fait-elle remarquer. Elle dénonce, dans le même souffle, «la maladie d’orgueil » qui gagne le pays. Elle cite, en ce sens, la division qui règne dans le milieu syndical, les crimes passionnels en hausse et même ces disputes entre collègues où on ramène souvent les choses à son ego. «Le PTr n’est pas épargné par cette gangrène», assure-telle. L’essentiel, pour elle, est que chacun se regarde dans un miroir sans fard avant de critiquer les autres.

 

On se renvoie la balle, certes. Le PTr, pour sa part, détient les rênes du pouvoir. Il semble moins rattaché à ses racines et plus endolori par les perversions contemporaines.