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Aimer son pays…
Alors que nous célébrerons le 12 mars prochain la fête nationale, des réflexions s’imposent sur ce qui nous rattache encore à la terre mauricienne.
Force est de constater que le patriotisme est aujourd’hui mort. Cela est vrai pour de nombreux pays. Le patriotisme est mort. Vive le nationalisme ethnique. Incapables de transcender nos propres obsessions paralysantes et la bêtise d’une ethnicité réductrice, nous continuons à oeuvrer, de manière consciente et inconsciente, à une véritable infantilisation de la population.
Quel sentiment d’appartenance donc aujourd’hui à son pays ? Il est sans doute moins prononcé et revendicateur qu’auparavant. Le monde s’est globalisé. Le citoyen est devenu global. Mais il est aussi plus individualiste. Ils sont peu nombreux désormais à refuser de quitter leur pays natal alors qu’on leur propose un meilleur salaire et une meilleure condition de vie ailleurs. Pour nous, Mauriciens, cela est encore plus facile. Parce que nous sommes à la fois de nulle part et de partout. Comment, en outre, revendiquer une quelconque appartenance alors que nous sommes tous d’accord que nous vivons dans une République bananière ? A chaque fois que ce pays a fait un pas en avant, nous nous sommes assurés qu’il en fasse cinq en arrière.
Il ne s’agit pas seulement ici de modernisation ou de progrès. La question à se poser est de savoir si le Mauricien est heureux. Celui qui est heureux parce que X ou Y est Premier ministre de ce pays ne sait même pas ce qu’est être Mauricien. Après les critiques bille en tête visant ceux qui dénoncent la tyrannie du pseudo-socioreligieux, on sera encore moins nombreux à oser dire le fond de notre pensée. Cela est déjà vrai pour une bonne partie des Mauriciens. Les journalistes éprouvent de plus en plus de difficultés à trouver des interlocuteurs qui ne se cachent pas derrière le silence pour ne pas avoir à dénoncer une certaine désespérance nationale. A contrario, nos gourous du socioreligieux ne s’épargnent aucun effort pour pousser à une ghettoïsation du pays.
Faut-il en désespérer ? Oui, lorsqu’un peuple s’obstine à lire le monde de demain à travers les prismes critiques d’hier avec, de surcroît, les yeux obstinément fixés sur le rétroviseur de l’histoire.
La banalisation du fait religieux et son instrumentalisation par certains politiques ne sont pas, non plus, pour arranger les choses.
Il n’y a nul besoin, dans le monde contemporain, de retrouver un quelconque souffle patriotique.
Mais, il y a une notion du collectif à réinventer. Parce que simplement, nous vivons tous dans un même pays et que le bonheur individuel passe par le bonheur collectif. Nul besoin non plus de s’exclure de l’identité nationale parce que les symboles politiques au pouvoir ne sont pas ceux qu’on apprécie.
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