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Babélique
Ce n’est pas juste de régler nos problèmes identitaires ou linguistiques sur le dos des écoliers. Pourtant, dans le débat autour de l’introduction des langues maternelles à l’école, les arguments qui sont avancés de part et d’autre tiennent à des raisons qui relèvent de tout sauf de la pédagogie.
Définir une politique éducative en matière de langues est un exercice très sensible. Personne ne conteste cela. Mais le problème est grave quand l’intérêt des enfants ne compte plus pour les décideurs. C’est ce qui se passe quand la question linguistique dépasse le cadre de l’école et devient un instrument au service des forces religieuses et «communalo-culturelles».
La discrétion avec laquelle le gouvernement a annoncé sa volte-face concernant le bhojpuri permet de mesurer la frilosité des politiciens à ce sujet. Il n’y a pas eu de communiqué annonçant clairement l’abandon du projet d’enseigner cette langue dans nos écoles. C’est par le biais d’une communication rédigée à l’aide de formules laborieuses et difficilement décryptables, que nous avons compris que le gouvernement est revenu sur sa décision.
Quand les parents ont procédé, en avril dernier, à l’inscription de leurs enfants en Std I pour la rentrée 2012, on leur a dit que le kreol et le bhojpuri sont désormais des matières facultatives. C’était clair et net. Cependant, quand le gouvernement a été forcé de se rétracter, face au refus massif des parents d’opter pour le bhojpuri, on a droit à des explications entortillées : «Le bhojpuri sera, à partir de janvier 2012, introduit en Std I, en ajoutant des éléments de bhojpuri au programme d’étude de l’hindi. Il sera incorporé au volet extracurriculaire de l’Enhancement Programme, langues asiatiques, pour les élèves des Std III et IV.»
En clair, le bhojpuri ne sera pas une matière à part entière. On aurait applaudi si les écoliers n’avaient pas été contraints de suivre plutôt des cours de hindi/bhojpuri. Imaginons ce que cela aurait donné si la même formule hybride était appliquée pour offrir des cours de français/kreol ... Beaucoup de pays qui ont tenté ce genre d’expérimentations linguistiques ont fait marche arrière dix ou vingt ans plus tard. Après avoir sacrifié des générations entières de jeunes écoliers.
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