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Bharati pour fuir le CPE

13 décembre 2008, 13:24

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En ces temps du Certificate of Primary Education (CPE) ou du Mouvement Militant Mauricien qui n’assiste pas aux travaux parlementaires, choisir de parler, par exemple, de Bharati peut être interprété comme de l’irrévérence. Mais combien de temps encore s’arrêter à cette actualité qui sent le rassis? Pourquoi parler de ce qui ne changera pas!

Certes, le mal est profond. Surtout pour ces milliers de gamins qui sont atomisés par cette machine à broyer la jeunesse mauricienne qu’est le CPE, examens de fin de cycle primaire. Faudrait-il s’en émouvoir? Je ne crois pas que ce soit le cas de ces chantres et gourous de l’élitisme.

Nos dirigeants, de quel que bord qu’ils soient, n’ont, pour leur part, jamais eu le courage politique d’affronter le problème de front. Il y a trop d’horribles considérations en jeu Pour notre part, que faire, dire, écrire, hurler de plus? Tout a été dit. Lorsqu’il n’y a pas plus rien à dire, il faut savoir se taire. Ne croyez pas que ce soit de la lâcheté ou de la complicité. C’est simplement un refus de s’époumoner pour rien. Pendant des années, des dizaines, voire des centaines, de Mauriciens ont crié au massacre. Mais leurs voix n’ont pas été entendues.

Quelque part, c’est aussi dû au fait que la majorité des Mauriciens a choisi de se taire, révélant en cela, soit une méconnaissance du fléau soit une aspiration secrète à se signaler, à briller, à sortir du lot dans un système conçu pour valoriser et ériger en valeur totémique une poignée d’enfants.
Pour toutes ces raisons, j’ai choisi aujourd’hui de vous parler de Bharati. Cette comédie musicale, qui nous vient de l’Inde, a été une véritable révélation pour de nombreux Mauriciens. Une bouffée d’air frais dans le désert culturel mauricien. Certes, on a actuellement le Festival international Kreol (FIK). Mais le fait est que c’est un événement annuel ponctuel.
Bharati révèle autre chose. Une capacité de création. Une lueur d’imagination. Un humour indien dans le drame bollywoodien. L’envie de toute une troupe de restituer un imaginaire, l’inconscient culturel d’un peuple. Lorsque Bharati raconte l’Inde par exemple, on est vraiment loin de ces débats stériles qui consistent à savoir si la «sware metis» (la soirée métisse) du FIK rend compte de la créolité ou non!

Pour ma part, je préfère cette Inde contée à travers des chansons populaires des films en hindoustani, telle que nous la révèle Bharati. Parce que c’est justement une histoire de barrières qui tombent. De castes qui s’entrelacent. Des races qui prennent une raclée devant le métissage… On retrouve certes les lieux communs. Des lectures, des tableaux au premier degré. Mais il y a une dose du merveilleux qui nous rappelle que le contact est à la base de l’histoire de l’homme.

Je ne compare pas l’incomparable. Je constate une profonde hypocrisie. Assumer ce qu’on est, c’est la preuve par la lucidité de sa capacité à vouloir transcender ses limites. Dire que c’est sur la carte postale que se construit son identité, c’est le refus d’aller à sa propre rencontre.

Tout cela n’est qu’une histoire de peur, de hantise, de fantasme inavoué…