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Bonne fête malgré tout

8 mars 2012, 13:52

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Quelle semaine! C’est sur fond de crise politique, voire institutionnelle, que le pays s’apprête à célébrer la fête nationale mardi prochain. Célébrations, voilà un bien grand mot. Mais, dans les faits, que célébrons-nous ? Une République de plus en plus vidée de sa substance ? Une indépendance dont le sens premier est une déferlante de lieux communs. Une Histoire continuellement tronquée qu’on raconte avec des relents narcissiques. Comme si elle n’est l’accomplissement que d’une seule personne. Pourtant, ce pays mérite mieux.

A la place, on nous ressasse les couleurs bigarrées de la nation arc-en-ciel. Le tout est fait dans le désespoir de l’hypocrite afin de masquer un vivre-ensemble qui rend, en fait, compte d’un mal-être profond. De couleurs plurielles, il y en a effectivement. Mais, elles résistent à toute tentative d’entremêlement. On se retrouve finalement avec des couleurs fades qui racontent une certaine intolérance. Dans tous les cas de figure, on nous jette de la poudre aux yeux. L’île Maurice de 2012 va mal. Les tensions ethniques se multiplient. La construction de la nation est bloquée dans l’ascenseur du temps du réformisme. L’ascèse collective, que le discours public appelle de tous ses voeux, s’est dissolue dans l’effort individuel du repli sur soi et sur sa communauté.

Les seuls politiques ne sont pas responsables de cet état des faits. Il existe, certes, des électricités contraires qui pourraient faire bouger les choses. Toutefois, les partisans du statu quo sont plus nombreux. D’où cette incapacité à changer les mentalités. D’où ce triomphe de la rituelle litanie qui veut que l’ethnicité est un principe cardinal de notre société.

C’est dans un tel contexte que nous allons célébrer la fête nationale et celle de la République. Pour se mettre à la mode, nous tentons de sortir des sentiers battus en les plaçant sous l’aune de la thématique de la «République durable». Durable, durabilité, développement durable… Tout cela est bien beau. Cependant, est-ce que tous ces jeux d’alliances et de mésalliances politiques participent-ils d’une quelconque logique de durabilité ? On a plutôt l’impression d’être dans une cour de récré où des adultes ont fait de la conquête du pouvoir le but ultime de leurs vies.

Ce qui demeure, en fi n de compte, c’est une angoisse certaine devant le futur. C’est cette crainte que nous avons remis notre avenir entre les mains de quelques personnes, dont les motivations premières et les ambitions affichées sont à la mesure d’une inventivité de maximale déficience.
Il est vrai qu’il ne faut pas démonétiser le personnel politique. Qu’il ne faut pas trop acculer l’opinion publique pour certaines de ses errances. Que l’histoire de cette île est relativement courte et que, par conséquent, il faut se montrer modeste dans ses attentes. Que déjà, pour un pays qui n’a de ressources que ses femmes et hommes, le progrès a été plutôt au-delà des espérances. Mais, nous tenons ces discours depuis des décennies. Sans de nouvelles ambitions, on ne fait que stagner.