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Ces mal-aimées de la santé publique

12 mai 2011, 09:00

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Il est des professions qui seront toujours mal perçues, voire méprisées, par le public. C’est le cas des infirmières. Souvent l’objet des pires critiques de la part de membres du public, étant aussi la cible d’insultes, les infirmières du service public prennent leur mal en patience. Mais, il leur arrive aussi de la perdre, cette patience. Dès lors, il est vrai qu’elles peuvent se montrer irascibles. Ou encore passer de manière nonchalante sur les commentaires qui leur sont adressés, rendant encore plus atrabilaires les patients ou leurs proches.

Il en sera toujours ainsi. Parce que nous sommes dans un système de soins hospitaliers public où cette catégorie de salariés se sacrifient véritablement car ils vivent leur profession comme un sacerdoce. C’est le cas des catégories intermédiaires dans le service public. Souvent anonymes, rarement récompensés, ces salariés font leur boulot dans l’ombre. Ce sont les maillons invisibles d’une chaîne qui, dans certains cas, deviennent des automates. Là, ils fonctionnent. Ils ne trouvent plus de sens, et encore moins de plaisir, dans ce qu’ils font.

Pourtant, en cette Journée internationale des infirmières, il importe de leur rendre un hommage appuyé. C’est entendu. Elles ne sont pas exemptes de critiques. Il peut même leur arriver de commettre des erreurs. Mais, c’est aussi vrai qu’elles se signalent par leur sens de l’abnégation. A tour de rôle, jour et nuit, elles se relaient dans un environnement de travail pas toujours reluisant. Bousculées par des patients très exigeants sur le niveau des services, elles arrivent généralement, mais aussi difficilement, à garder le sourire.

Ces patients, eux, ne peuvent être pris pour cibles. C’est l’argent des contribuables qui assure les salaires des employés de l’Etat. Cependant, ils ignorent l’envers du décor. La profession d’infirmière, à Maurice comme ailleurs, connaît une analgésie identitaire. Lorsqu’on est si souvent critiqué, on fi nit par devenir insensible à la douleur. Quand il y a un manque aussi flagrant de reconnaissance de son travail, on se transforme peu à peu en machines qui pourvoient des soins basiques sans la chaleur et le réconfort qui devraient accompagner son geste.

Tout cela résulte du dysfonctionnement de tout un système. L’infirmière prend en charge le malade, pas la maladie. Et si on expliquait un peu mieux le rôle des uns et des autres avant que l’exode ne se généralise ?