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Ceux qu’on ne voit plus…
Vous êtes surement nombreux à avoir lu et entendu le reportage des journalistes de lexpress.mu et de Radio One sur la situation des gens qui vivent près du, voir dans le, dépotoir de Roches Bois.
Ce sont des familles entières qui y demeurent. Parmi, des enfants; dont certains sont en bas âge. Cette scène semble ne plus choquer les habitants de la localité tellement la misère et la précarité font parties de leur quotidien. On finit toujours par s’habituer à sa situation. Je me refuserai donc le droit de porter un regard misérabiliste sur ces gens. Mais, je ne peux m’empêcher de hurler mon sentiment de révolte. Lorsqu’on n’est plus choqué par de telles scènes, c’est qu’on est blasé. Et cela témoigne d’une résignation qu’il importe d’éviter.
Cela dit, il faut aussi souligner que cette situation n’est pas particulière à ce faubourg de Port-Louis. Plusieurs localités de l’île connaissent le même fléau. Cet extrême pauvreté est devenue quasi transparente tellement on y tourne la tête lorsqu’on les traverse. Les autorités, elles, semblent plus aveugles. La mairie de Port-Louis est, semble-t-il, au courant qu’une population vit dans ce dépotoir. Hélas, jusqu’à présent, rien n’a été fait.
Il y a encore quelques années, le secteur privé, pour des raisons fiscales, finançaient ces ONG qui œuvrent dans le social. Tel n’est plus le cas désormais. Car, la loi sur les impôts a été amendée et les entreprises ne peuvent plus déduire les donations de leurs impôts. N’est ce pas le devoir du gouvernement de les encourager à remplir leur responsabilité sociale? Finalement, ces mesures incohérentes me poussent à une réflexion: «Est-ce que les autorités souhaitent vraiment que cette population plus vulnérable s’en sorte?»
Ce n’est plus admissible qu’en 2009, personne ne remarque l’absence d’un gamin sur les bancs de l’école. C’est encore moins acceptable que tous les jours, des dizaines d’enfants vagabondent dans les rues de la capitale, à proximité du passage souterrain qui mène vers le Front de Mer, mendiant sous l’œil méfiant des parents tout aussi désemparés. Les travailleurs sociaux sont débordés. A eux seuls, ils ne peuvent grand-chose, par manque de ressources peut-être. Mais je suis tenté de croire que cela découle plus d’un manque de volonté de la part de nos dirigeants.
Je me souviens encore d’un évènement qui m’avait marqué en 2008. Radio One avait organisé la première édition de «Prendre un enfant par la main». La générosité des Mauriciens était telle que les organisateurs ont recueilli plus d’un million de roupies. Cet argent a servi à fournir du matériel scolaire à des enfants pauvres. L’objectif a été atteint et l’expérience fut retentée cette année, toujours avec succès. Mais ce qui m’avait heurté lors de cette première édition, c’est le rappel des chiffres. Alors que l’on annonçait à la radio la somme recueillie lors de l’opération, je lisais dans un journal que les ministres avaient fait l’acquisition de leurs nouvelles berlines, le tout au coût de Rs 70 millions! Ce cas n’est pas une exception, nous sommes tous les jours confrontés à ce genre d’abus. Entre les dîners princiers et les voyages d’agrément, le gaspillage des fonds publics est écœurant. Certes, je comprends qu’un ministre doit voyager confortablement. Mais, je ne m’explique pas des excès.
Entre-temps, la classe moyenne, elle, s’appauvrit de plus en plus. Celle qui a émergé dans les années 90 est complètement désillusionnée. Dorénavant, elle ne pense qu’à émigrer. Car au rythme où vont les choses, entre la perte de son pouvoir d’achat, la crainte de perdre son emploi et l’endettement indispensable à la concrétisation de ces projets, elle ne voit des perspectives de progrès que limitées.
Le défi consiste désormais à véritablement intégrer tout le monde dans le plan de sauvetage. Si plan de sauvetage il y a…
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