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A chaque époque, son malheur
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A chaque époque, son malheur
A l’heure où nous nous préparons à célébrer le 175e anniversaire de l’arrivée des travailleurs étrangers à Maurice, Raju Mohit, de l’Aapravasi Ghat Trust Fund, lance un appel pour que l’histoire ne se répète pas. «Il ne faut pas que les travailleurs étrangers connaissent le même sort que les travailleurs engagés à leur arrivée à Maurice», explique-t-il, en ce sens.
Pour toutes les personnes qui ont une vision antédiluvienne de l’histoire, ce genre de déclaration pourrait presque résonner comme un sacrilège. Pourtant, Raju Mohit a le mérite de nous rappeler, aujourd’hui, que l’attachement mélancolique et désespéré à certains pans de l’histoire est une forme de romantisme mélancolique, de passéisme infécond.
Autant qu’on parle des stigmates de l’esclavage, autant on ne cesse de rappeler la souffrance des travailleurs engagés à leur arrivée à Maurice.
Certains se plaisent même, et il faut le dire, à concurrencer deux types de malheurs. C’est dire la stérilité intellectuelle de certaines parties de la population. A-t-on jamais vu des gens surenchérir sur l’intensité de la douleur de ses ancêtres? Il faudrait passer par Maurice…
Une île où des passéistes sont obsédés et possédés par le désir d’une supériorité ethnique. Ils ont aussi tellement de valeurs et de principes qu’ils ne cessent de battre leur coulpe pour la souffrance des ancêtres. Ils ont tant de reconnaissance pour ces ancêtres qu’ils militent pour mesurer et quantifier leur souffrance.
A côté pourtant, et de cela nous sommes tous coupables, nous passons sans voir la misère et l’exploitation dont sont victimes des travailleurs migrants à Maurice. La mémoire sait si bien être sélective quand elle le veut.
Mais, en fin de compte, comment ouvrir les yeux sur ce qui est autour de soi quand ces yeux là sont rivés sur le rétroviseur de l’histoire?
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