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Comment refuser ?
Le monde entier refuse la misère aujourd’hui. Mais suffit-il seulement de la refuser pour la faire disparaître ? Seuls les naïfs croiront que cela suffit. Les autres diront qu’il nous faut tous agir. En tant que contribuables, voisins, électeurs, au sein de la famille, chacun doit faire avancer l’agenda de la lutte contre la pauvreté. Comment ? Quelques pistes de réflexion…
1. Les gouvernements cèdent invariablement à la tentation de gérer les dimensions économiques et sociales de la pauvreté avec des arrières pensées politiques. Comme citoyens et électeurs, nous devons exiger des décideurs que le combat contre la pauvreté soit une fin en soi. Et non pas un moyen de recueillir des votes aux élections.
2. Si le gouvernement doit faire face à ses responsabilités, nous le devons aussi, en tant que contribuables.
La fraude fiscale est un sport national. Surtout chez les professions libérales et informelles. Les fraudeurs – quels qu’ils soient - doivent donc être traqués et sommés de passer à la caisse. Plus les Mauriciens seront en règle avec le fisc, mieux l’Etat pourra disposer de financement dans la lutte contre la pauvreté.
3. L’Etat pourra disposer de tous les financements possibles mais continuer à mal gérer le dossier de la pauvreté.
Pour que le combat soit efficace, il va falloir que certains mots – comme le ciblage - ne soient plus tabous. Oui, il y a une logique à offrir davantage de prestations sociales aux personnes les plus vulnérables et moins à celles qui n’en ont pas nécessairement besoin.
4. Souvent, les politiques confondent aide et assistanat.
Les citoyens doivent faire pression afin que la lutte contre la pauvreté soit multidimensionnelle tout en s’inscrivant dans la durée. Il ne sert à rien de reloger des squatters dans des logements sociaux neufs, si ceux-ci demeurent sans emplois ou continuent à souffrir d’addictions diverses.
5. Le meilleur moyen de ne pas sombrer dans la pauvreté…ou d’en sortir, demeure l’éducation. Chaque Mauricien doit comprendre le rôle de notre système éducatif dans la lutte contre la pauvreté. Et donc, exiger qu’il soit plus accessible et child-friendly pour les enfants issus des classes les plus défavorisées de la société. Qui ont justement le plus de mal à s’insérer dans le système éducatif.
6. La pauvreté à Maurice comporte un facteur ethnique indéniable. Il faut toutefois résister à la tentation de ne traiter le problème qu’à partir de ce facteur. Ce serait là le meilleur moyen d’amener les plus ignorants d’entre nous à croire que la pauvreté ne concerne qu’une frange de la population…qui vit donc au crochet des autres. Le système d’éradication de la pauvreté doit d’abord s’intéresser aux profils sociaux des personnes vulnérables.
Et seulement ensuite à leur ethnicité.
7. Certes, il faut exiger des institutions qu’elles fonctionnent convenablement. Mais les citoyens doivent eux-mêmes adopter des comportements responsables pour ne pas sombrer dans la précarité. La surabondance d’offres commerciales alimente le phénomène du surendettement dans le pays. Plus chaque foyer et individu apprendra à gérer ses finances et à consommer de manière raisonnable et raisonnée, plus il réduira ses chances de basculer.
8. La responsabilité individuelle ne doit pas être négligée. Car il s’agit également d’être autrement vigilant par rapport à la pauvreté. Des bidonvilles sortent de terre à la lisière des villages, des squats sont installés sans que les voisins ne s’en inquiètent. Et ce n’est que quand le problème devient sévère qu’on se décide à agir et/ou le dénoncer. La responsabilité citoyenne de chacun devrait l’amener à signaler aux autorités – a charge pour elles de se rendre accessibles – la présence de nouvelles poches de pauvreté ou de familles vivant dans des conditions de précarité extrême. Afin que des solutions de prise en charge soit trouvées rapidement.
9. Si les entreprises ont été obligées à se mettre à la tâche à travers les programmes de responsabilité sociale des entreprise obligatoires, il est un fait que les employés de beaucoup d’entre elles ne se sentent que lointainement concernées par leurs programmes. C’est aussi au sein de l’entreprise que les chaines de solidarité doit se mettre en place afin que décupler la capacité des acteurs économiques à agir sur le terrain du social.
10. Une note de réalisme pour terminer. Du fait même que les sociétés capitalistes produisent des richesses extrêmes, elles génèrent de manière systémique le phénomène de la pauvreté. Eradiquer complètement la pauvreté est un doux rêve qui ne sera jamais atteint. Car rien que par choix personnel, certains membres de la société choisiront ou se complairont à vivre en marge. Mais que cela ne nous empêche pas de nous dire que les efforts de réduction de la pauvreté doivent être permanents.
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