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Crispations ethniques

8 avril 2010, 10:12

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La question d’un Premier ministre issu des minorités ethniques fait encore débat chez nous. Pourtant, beaucoup avaient cru que le monde avait changé d’époque avec l’élection de Barack Hussein Obama à la présidence des Etats-Unis.

L’on avait imaginé que son succès allait entraîner un changement de comportement à Maurice également. Dans un pays qui se targue d’être moderne et ouvert, la couleur de la peau ne devrait pas constituer un argument politique.

Or, lundi et mardi, le Bureau Politique du MMM a passé des heures à réfléchir sur des formules, les unes plus compliquées que les autres, pour que Paul Bérenger ne soit pas son seul candidat au poste de Premier ministre. Ces tergiversations ne peuvent que confirmer le fait que la question raciale occupe toujours une place importante dans l’équation politique.

L’instance suprême de ce parti a finalement vaincu sa timidité et a confirmé la candidature de son leader au poste de Premier ministre pour cinq ans, mais ce résultat a été obtenu après des discussions ardues. La réticence qui s’est exprimée au MMM n’a qu’une explication : notre pays n’a pas perdu ses complexes sur les origines ethniques de ses dirigeants.

Il y a eu au sein du MMM plusieurs courants. L’un d’eux, mené par Vishnu Lutchmeenaraidoo, a prôné l’audace et la méritocratie. D’autres n’avaient pas le courage de défendre leurs convictions unitaires et ont opté pour la real politik, c’est-à-dire une fragmentation du mandat premier ministériel. Ils ont cherché à composer une vitrine multicolore pour le MMM. Finalement, ce sont les avant-gardistes qui ont gagné.

Madan Dulloo et Ashock Jugnauth figuraient parmi ceux dont les noms ont été proposés, par une frange du MMM, pour le poste de Premier ministre. Ces deux politiciens ont été soutenus, non pour leurs qualités personnelles, ou leurs options politiques, économiques et sociales, mais par calcul électoraliste.

L’appartenance minoritaire de Paul Bérenger est considérée comme un handicap électoral. Cela n’a toutefois pas empêché l’aile progressiste du MMM de choisir la voie difficile, celle qui consiste à faire évoluer la société.

Dans les grandes démocraties, les politiciens poussent les électeurs à voter avec intelligence et rationalité, pas avec émotion. Avant le vote historique aux Etats-Unis, il y a eu le bel espoir offert par l’Inde. Un trio composé de Sonia Gandhi, une catholique, d’A.P.J. Abdul Kalam, un musulman, et Manmohan Singh, un sikh, est longtemps resté aux commandes de la Grande péninsule. Il a permis au peuple indien d’avancer sur la voie du progrès économique.

A Maurice, il reste du chemin à parcourir avant de transcender la question ethnique. Mais plutôt que de faire un pas en avant, on aurait reculé si le MMM s’était résigné à une formule clientéliste.