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Dans les nuages

4 octobre 2010, 10:53

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Délaissant la qualité de l’enseignement supérieur, son contenu et ses méthodes, l’Etat a décidé d’adopter une politique de quantité. Le ministre de tutelle a déclaré qu’il se fixe pour objectif d’attirer 100 000 étudiants étrangers d’ici dix ans. Les universités publiques, annonce-t-il, ouvriront des antennes dans différents villages, dont Pamplemousses, Piton, Highlands, Montagne-Blanche et Rose-Belle.

La Tertiary Education Commission, institution chargée d’appliquer cette politique, ne semble pas s’inquiéter outre mesure de son incohérence et de son inefficacité. Le directeur exécutif de la TEC, Praveen Mohadeb, défend avec ardeur l’initiative annoncée et dit son empressement de vouloir traduire le rêve du ministre en réalité. Pour justifier cette idée folle d’attirer 100 000 étudiants à Maurice, le directeur de la TEC invoque un argument économique.

Il choisit, dans l’interview publiée ci-contre, un angle financier pour soutenir le projet : «Rien qu’en comptant ses frais d’études, son billet d’avion et son hébergement, un étudiant étranger dépensera en moyenne Rs 300 000 par an. Sur un total de 100 000 étudiants, cela nous fera Rs 30 milliards par an. C’est un pilier de l’économie que nous sommes en train de créer. Le textile a commencé ainsi.» On croirait entendre le directeur du Board of Investment. Pourtant, il s’agit du directeur de l’institution qui a pour mission d’améliorer la qualité de l’enseignement supérieur et de le rendre accessible à un plus grand nombre de citoyens.

De toute façon, il y a une variable que Praveen Mohadeb néglige dans son équation. A-t-il tenu compte du coût, pour le pays, de recruter massivement des enseignants d’université à l’étranger?

Il y a aujourd’hui une compétition internationale acharnée pour attirer les meilleurs cerveaux, et la concurrence sera de plus en plus rude avec l’émergence des universités asiatiques.

La responsabilité première du ministre et de la TEC n’est pas de créer un nouveau pilier économique mais tout simplement d’améliorer l’offre des universités publiques et de contrôler celle des prestataires privés d’enseignement supérieur.

Ce ne sont pas les reproches qui manquent. L’Université de Réduit, par exemple, est en butte aux critiques du personnel enseignant, des étudiants et des employeurs. Ils dénoncent plusieurs carences institutionnelles qui sont la cause du mauvais fonctionnement de l’Université, de l’absence de recherche sur le campus et de sa déconnexion avec le marché de l’emploi. Les entreprises ne savent pas ce que font les universités et vice-versa. Un employeur déplorait, dans nos colonnes, le mois dernier, le manque de connaissance pratique des étudiants de l’Université.

Plutôt que d’engager une réflexion sur les moyens financiers de l’UoM, sa pédagogie et son articulation avec le monde du travail, les décideurs vont aller chercher des solutions sur le mont Kilimandjaro.