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Déficit chronique

21 mars 2014, 15:41

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lexpress.mu | Toute l'actualité de l'île Maurice en temps réel.
Rs 84 milliards. C’est le montant du déficit commercial attendu en 2014. Ce chiffre, qui représente une  progression de 8,4 % par rapport à 2013 ou encore 28 % de notre Produit intérieur brut (PIB), ne manque pas d’interpeller. Car il témoigne de la dégradation de notre solde de la balance commerciale. D’un déficit de Rs 51,32 milliards en 2007,  celui-ci s’est nettement détérioré pour atteindre Rs 81,33 milliards en 2012, soit une hausse de 58 % en l’espace de 5 ans.
 
 
Ce déficit structurel chronique est le résultat de notre modèle de dépendance. Maurice est, en effet, très dépendante des importations. D’ailleurs, le pays importe plus du double de ce qu’il exporte. L’année dernière, par exemple, nous avons importé des produits pour une valeur de  Rs 165 milliards contre des exportations de Rs 71 milliards.
 
 
Une telle situation ne peut pas se perpétuer sans risques. Tout comme la dépendance de la balance des services pour compenser le déficit de la balance des biens n’est pas soutenable dans le temps. D’autant plus que l’excédent de la balance des services provient principalement des recettes touristiques. Toute baisse à ce niveau ne fera donc qu’impacter sur la balance courante. Comme cela a été le cas, l’année dernière, notamment lors du troisième trimestre. Une des raisons avancées par la Banque de Maurice pour expliquer le creusement de la balance du compte courant à Rs 11,9 milliards est la baisse des revenus touristiques. En effet, le surplus de la balance des services n’a été que de Rs 1,94 milliard pendant cette période  alors qu’il a tourné autour de Rs 6 milliards aux premier et deuxième trimestres de 2013.
 
 
La Banque de Maurice a été on ne peut plus claire dans ses explications. «The drop in the services account surplus was primarily attributable to a significant decline in net travel receipts to Rs 3.371 billion in third quarter, from Rs 5.427 billion in the corresponding quarter of 2012.» Résultat : la balance des paiements au troisième trimestre affichait un déficit de Rs 3,43 milliards contre un surplus de Rs 1,1 milliard un an plus tôt.
En conséquence, le déficit du compte des transactions courantes continue d’être financé par le compte de capital à travers l’investissement direct étranger, la dette extérieure ou encore en ayant recours aux réserves. Là encore, la question est de savoir à quel point est-ce soutenable de miser sur les investissements qui sont concentrés dans les secteurs ayant une portée spéculative et non productive. Il ne faut pas croire, non plus, qu’il est possible de dépendre indéfiniment de la dette extérieure pour financer nos déficits chroniques. Tôt ou tard, ces emprunts finiront par renchérir.
 
 
Penser que les choses évolueront positivement dans les années à venir alors que le déficit de la balance du compte est demeuré à deux chiffres depuis 2010, c’est comme croire au Père Noël. En fait, la situation telle qu’elle est actuellement nous laisse peu de choix quant à la voie à prendre pour ramener le déficit du compte courant à des niveaux plus soutenables à l’évidence, entre 4 et 5 % du PIB.
 
 
Le seul moyen d’y parvenir, c’est à travers des réformes structurelles visant à libérer le potentiel de croissance et d’exportation du pays, trop longtemps entravé par des freins en tout genre. En ce sens, il est possible d’imaginer une nouvelle stratégie industrielle pouvant permettre à l’industrie locale, un des fleurons de notre économie, de mieux saisir les opportunités qui s’offrent à elle dans la région.
 
 
Rien qu’à voir les derniers chiffres publiés par l’institut des statistiques, nous pouvons en déduire que tel n’est pas encore le cas et qu’il y a un long chemin à parcourir dans ce domaine. La preuve : en 2013, Maurice a exporté des produits pour une valeur de Rs 6,3 milliards vers le Comesa contre des importations de l’ordre de Rs 5,4 milliards. En revanche, nos exportations vers les pays de la SADC ont totalisé Rs 11,9 milliards tandis que les pays de ce bloc régional ont vendu des produits pour un montant de Rs 14,2 milliards. Ce qui nous laisse avec une balance commerciale déficitaire.
 
 
Certes, la mondialisation est venue bouleverser les pratiques commerciales, mais Maurice doit se frayer un chemin dans ce labyrinthe car nous ne pouvons pas nous passer d’une industrie manufacturière qui contribue 17 % au PIB. Au contraire, nous devons tout mettre en œuvre pour accroître sa contribution à la richesse nationale. Ce n’est certainement pas les industriels regroupés au sein de l’Association of  Mauritian Manufacturers qui nous diront le contraire.