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Deux siècles d’injustice

29 décembre 2011, 10:30

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L’Etat ne pouvait plus rester neutre sur la question de l’avortement. Il était confronté à des enjeux de santé publique et de justice sociale et ne pouvait plus s’abstenir de toute prise de position. Il a donc tranché. En faveur des femmes en détresse.

La loi sera révisée pour autoriser l’interruption de grossesse dans des cas spécifiques. Du moins, c’est ce que l’on peut déduire de la position exprimée par la ministre de l’Égalité des genres, à Genève. Le projet de loi rendant effective la mesure devrait être présentée au Parlement dès la rentrée de mars.

La ministre a justifié la position officielle du pays en soutenant que «les mentalités ont évolué sur le sujet». La situation a en effet changé.

Certes, personne n’a renié ses convictions personnelles, et encore moins, ses croyances religieuses. Mais les mentalités ont changé, car beaucoup ont compris qu’il ne faut pas se limiter aux dogmes religieux par rapport à l’avortement.

Il s’agit de considérations humanitaires plutôt que d’enjeux moraux.

Même l’évêque de Port-Louis, tout en défendant fermement le droit à la vie, a dit comprendre «le désarroi des femmes qui sont brusquement confrontées à une grossesse non-désirée». Le vicaire général de l’Eglise catholique abonde dans le même sens quand il dit que «le respect du droit à la vie ne doit pas nous conduire à un manque d’humanité envers des personnes en détresse qui ont déjà commis un acte irréparable».

En termes concrets, notons que 24 217 cas de complications et 10 décès ont été enregistrés de 1997 à 2007, suite à des avortements clandestins.

Ces statistiques proviennent du ministère de la Santé. Et encore, il s’agit de chiffres officiels qui ne comptabilisent pas les victimes qui ne vont pas à l’hôpital, craignant des représailles policières.

Pas plus tard qu’hier, une jeune femme de 32 ans a été inculpée après s’être rendue à l’hôpital pour des complications vraisemblablement liées à un avortement.

Beaucoup d’autres femmes ont connu un sort similaire depuis 1838, quand la loi contre l’avortement est entrée en vigueur. Par faute de moyens, elles ont été forcées de se faire avorter dans l’ombre. L’avortement sans risques était réservé aux nantis.