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Dr Zakir Naik, Best-Loser?

1 février 2012, 00:00

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Comprenons d’abord la logique qui pousse certains à exiger le maintien du Best-Loser System (BLS). Il y a un contexte historique que nous ne pouvons nier où la représentativité est plus communale que toute autre chose. Cela veut dire que l’assemblée des représentants du peuple&nbsp doit refléter, a priori, la diversité de la population. Plus que l’équité homme-femme, le pluralisme des groupes linguistiques ou encore de la présence de toutes les cultures, par exemple,&nbsp il avait été voulu que le Parlement soit le miroir de la population en terme de ‘’communautés’’.&nbsp Exercice difficile, extrêmement délicat et, inévitablement, tout le monde ne retrouve pas dans les&nbsp catégories proposées. Surtout un demi-siècle après. N’empêche, il en ressort que le BLS est perçu comme un instrument destiné à assurer la représentation des ‘’minorités’’ au Parlement.<BR>&nbsp<BR>Aucun mécanisme similaire n’existe pour garantir une telle représentativité ailleurs, que ce soit au Cabinet, dans la fonction publique ou dans les nominations.&nbsp Certainement, encore moins dans le secteur privé. Il est naïf de penser que la méritocratie y soit devenue l’unique critère de sélection. Beaucoup dépendent de la discrétion et de la volonté de ceux qui&nbsp ont le pouvoir, politique ou encore économique.<BR>&nbsp<BR>Nous pouvons évoquer les principes&nbsp de bonne gouvernance, l’exigence de compétences, le respect des institutions,&nbsp l’état de droit et même le dernier-né qu’est l’Equal Opportunity Act comme moyens de contrer des discriminations.&nbsp Mais nous savons tous qu’il existe des zones d’ombres où nous sommes à la merci d’un Premier Ministre ou d’un PDG. La communauté musulmane garde les cicatrices d’une époque où il n’y avait non seulement aucun ministre musulman, mais aussi un boycott au niveau du recrutement dans la force policière et ailleurs. Toutes les autres communautés, groupes, sous-groupes, clans&nbsp et même des familles spécifiques ont ainsi souffert à un moment ou un autre, dans un secteur ou un autre, d’une manière ou d’une autre.<BR>&nbsp<BR>Toutes les injustices ne sont pas égales. Et la politique n’en est pas toujours la cause. Pire que le communalisme,&nbsp le&nbsp ‘’noubanisme’’ est profondément ancré dans notre société,&nbsp même si la nouvelle génération nous donne des raisons d’espérer. On se rend difficilement compte que cette logique a surtout fait des victimes, partout. Mais ce qu’il faut déplorer c’est aussi le fait que nous sommes sélectifs dans la dénonciation des discriminations.&nbsp Par exemple, où étaient ceux qui s’attaquent au BLS au moment où d’autres arrachaient les ‘’mauvaises herbes’’ et protégeaient leurs ‘’montagnes’’ ? On a trop laissé nourrir une perception qu’il n’y a qu’un musulman qui puisse défendre les intérêts des musulmans. Le contraire s’applique aussi : les musulmans ne s’intéresseraient pas au problème des non-musulmans. Une telle lecture, intrinsèquement sectaire,&nbsp ne peut que pousser certains&nbsp musulmans à penser que le BLS est leur salut.&nbsp Les mêmes, paradoxalement,&nbsp vous diront souvent qu’ils font plus confiance à&nbsp Paul Bérenger ou à Navin Ramgoolam qu’à n’importe quel politicien musulman !<BR>&nbsp<BR>Et que vient faire le Dr Zakir Naik dans tout ceci ?&nbsp Pour rappel, ce conférencier indien de renom,&nbsp suivi par beaucoup sur la&nbsp chaîne satellitaire&nbsp Peace-TV, est interdit d’entrée à Maurice pour le symposium islamique qui était prévu la semaine prochaine. On peut ne pas être d’accord avec quelqu’un, mais de là lui interdire la liberté d’expression, il y a un pas à ne jamais franchir. Pose-t-il un risque à la stabilité sociale ? Si c’est le cas il faut le dire, le prouver même.<BR>&nbsp<BR>Pour rappel, le Dr Naik fit une visite chez nous il y a plus de dix ans et anima une dizaine de conférences sans qu’il n’y eut aucune controverse. Pour avoir présidé le Comité d’Accueil d’alors, je peux affirmer que le tolérance et le respect ne sont que des vains mots lorsque nous refusons de dialoguer. Certes, je n’approuve pas tout ce que dit le Dr Naik, mais je ne me permets pas de m’opposer à la liberté de ceux qui voudraient bien l’écouter. Même si je ne suis pas de ceux qui ont voulu de sa visite cette année, je respecte ceux qui veulent bien de lui.&nbsp Et s’il est un ‘’security risk’’, comme jadis certains qualifiaient des musulmans qui faisaient preuve de candidature à la force policière, il faudra le justifier et&nbsp donner la possibilité de se défendre à ceux qui voudraient bien l’accueillir.<BR>&nbsp<BR>Ceux qui ne veulent pas du BSL, voudront-ils défendre le cas du Dr Zakir en faisant abstraction de sa dimension religieuse ? Y-a-t-il un Mauricien de foi non-musulmane qui s’y intéresse ? Faut-il trouver un député musulman élu comme best-loser pour le défendre ?&nbsp Nous n’oserons pas avancé que l’interdiction faite au Dr Naik est le résultat d’une objection émanant d’un groupe socioreligieux, mais si tel est le cas la situation serait grave, très grave. Même si ce sont des musulmans qui s’opposent à la visite du Dr Naik, et démocratiquement ils ont le droit de le faire, ils ne peuvent dicter la position des autorités. Y-aurait-il certains qui soient plus représentatifs que d’autres ? Nous voyons là tout le danger de la logique d’une représentativité communale primaire. La sous-représentativité sous la forme de castes, écoles de pensées, tendances et autres subdivisions risque d’être la prochaine demande !<BR>&nbsp<BR>S’il a raté le First-Pas-the-Post (FPTP), le Dr Naik a toujours la possibilité d’entrer comme Best-Loser.&nbsp Mais cela ne doit pas se faire sur une base communale. Il faut que les institutions jouent leur rôle en toute indépendance, que les politiques et les citoyens de toutes communautés&nbsp s’y intéressent comme une question d’intérêt national, que l’évaluation d’un&nbsp ‘’security risk’’ soit dissociée de l’appartenance ou non à une communauté,&nbsp qu’un discernement existe entre les faits objectifs même s’ils ne sont soutenus par personne et les allégations surtout lorsqu’elles proviennent d’un groupe influent, que ceux avec qui nous ne sommes pas d’accord aient le droit d’être écoutés s’ils sont invités par d’autres citoyens à le faire, et&nbsp que le&nbsp&nbsp dialogue intra-communautaire&nbsp comme&nbsp&nbsp intercommunautaire&nbsp puisse se faire de manière constructive au sein de la société civile. Le cas Naik est une épreuve pour la classe politique aussi : nous inaugurerons&nbsp une ère de post-communalisme si nous faisons confiance à nos&nbsp institutions et nous les laissons agir librement.<BR>&nbsp<BR>Peu importe que l’interdiction soit maintenue ou&nbsp non, la question n’est pas là.&nbsp Il s’agit d’un test de la maturité de notre démocratie. Une leçon à retenir pour la réforme électorale…