Publicité

Easy rider

10 juillet 2013, 08:54

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

lexpress.mu | Toute l'actualité de l'île Maurice en temps réel.

La vitalité des partis politiques suit souvent des cycles, des mouvements longs que leurs animateurs ne sont pas capables de renverser par leur seul vouloir. Ainsi, le MMM, malgré l’interdiction de naissance dont était frappé son leader historique, a été dans une phase ascendante, au moins jusqu’à la conclusion de son accord 50/50 avec le MSM en 2000. Le PMSD, quant à lui, au moins depuis la défaite de Gaëtan Duval aux élections générales de 1976, a été dans une phase descendante, cela malgré de retentissants passages aux affaires, au sommet de la hiérarchie gouvernementale. À chaque scrutin national, le partenaire majoritaire du moment du parti bleu lui concède un électorat propre au No 17 et au No 20, lui confie la tache de rassembler certains votants dans deux ou trois autres circonscriptions. Mais dimanche dernier, au congrès des jeunes de sa formation, le leader des bleus a déclaré qu’il souhaitait dix députés à ses couleurs et qu’il envisageait, dans les dix prochaines années, de faire du PMSD « le plus grand parti de Maurice ».  Pourquoi pas ? Mais à quel prix ? 

 

Double coïncidence ! La première : le jour même où, dans un auditorium Octave Wiéhé transformé en plateau d’émission de variétés, les bleus réunissaient leurs jeunes, l’express-dimanche publiait son dernier sondage Politis, réalisé avec DCDM Research. Xavier Duval y arrive au quatrième rang des Premiers ministres préférés, après Arvin Boolell, Navin Ramgoolam et Paul Bérenger, devançant de quelques points Anerood Jugnauth et, très largement, Anil Baichoo et Pravind Jugnauth. Dans ce même sondage, toutefois, le parti du ministre des Finances y est plus proche de 0% que de 10%. Comme quoi il existe un hiatus entre, d’un côté, la réelle sympathie pour un homme et l’appréciation de son action et, de l’autre, l’image de club de suiveurs dont l’affaire Varma vient encore, à son plus haut niveau, d’illustrer l’inconséquence. 

 

Alors qu’il faudra l’apparition d’un immense charisme - qu’on n’a pas encore vu - ou une vingtaine d’années d’attente pour que le MMM se relèveve du départ de Bérenger, Xavier Duval a peut-être une carte à jouer. Mais pas au strip-poker dans un tripot. On a souligné, ici et là, la divergence de vues entre le travailliste Shakeel Mohamed et le PMSD Xavier Duval au sujet du travail à l’étranger, le ministre des Finances préférant que l’on crée de l’emploi, à Maurice, pour les jeunes Mauriciens. Sans doute faut-il avoir une certaine mémoire des années 60 pour mesurer aussi, à quel point, la position de XLD, aujourd’hui, s’écarte de celle de son parti avant l’indépendance. 

 

A sujet de la migration de bras, le Dr Philippe Forget écrivait, dans L’EXPRESS, le 3 juillet 1967, sous le titre Les 100 000 témoins du 7 août : « Nous avons une carte maîtresse : une nombreuse main-d’oeuvre […] Pour pouvoir l’utiliser, les industriels japonais, allemands, suisses, britanniques […] se déplaceront. Par contre, déraciner cette main-d’oeuvre en la faisant émigrer, la noyer dans d’autres pays, dans les grands ensembles industriels des autres, c’est la désarmer et avec elle le pays ».  Aujourd’hui, Xavier Duval pense comme les indépendantistes de 67 et Shakeel Mohamed, au moins sur ce point, se retrouve plus proche des maurisceptiques d’alors. S’il est disposé à revoir la doctrine de ce vieux parti qui, depuis une quarantaine d’années, n’a pas su se renouveler intellectuellement, l’avenir peut effectivement être intéressant de son côté. 

 

Dernière suggestion à ce responsable politique apprécié mais sans parti en dehors de l’observation microscopique : qu’il laisse au passé les leaders qui arrivaient à cheval. Venir vélo, voire en tandem avec Robert Desvaux, ou avec son fils, aurait été plus MID que cette bruyante arrivée de rock-star en Harley Davidson. Et c’est tellement pas lui, d’ailleurs.