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Entrer dans l’Histoire

2 août 2012, 08:34

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C’est lorsque le destin d’un pays et celui d’un homme se croisent qu’un grand dessein prend forme. Dans le cas de Maurice, cela pourrait être le destin d’un pays et ceux de deux hommes. En l’occurrence, ceux de Navin Ramgoolam et de Paul Bérenger. Ces deux dirigeants politiques seraient en train de négocier une alliance sur fond d’une réforme électorale et d’un passage à une IIe République où le président aurait de réels pouvoirs. Des voix s’élèvent déjà contre cette éventualité. D’autres ne s’expliquent pas, à juste titre, comment un président avec les pleins pouvoirs peut se passer de la légitimité des urnes. Enfin, il reste ceux qui ne voient dans ces tractations que la volonté de deux hommes d’assouvir leurs désirs de pouvoir.

Celui qui tient la clef de toute l’histoire n’est nul autre que l’actuel Premier ministre, Navin Ramgoolam. Comme l’affi rment certains observateurs, son objectif immédiat est de provoquer la cassure de l’alliance MSM-MMM. Un tandem sir Anerood Jugnauth-Paul Bérenger pourrait effectivement être imbattable. Mais, ce n’est qu’un objectif à court terme. Le leader du PTr voit plus loin et a d’autres ambitions.

Les hommes et femmes entrent dans l’Histoire lorsqu’ils se signalent par une grande idée qu’ils parviennent à mettre en oeuvre. A Maurice, sir Seewoosagur Ramgoolam a sa place dans l’Histoire comme le «père de la nation», sir Anerood Jugnauth comme le «père du développement économique» et Paul Bérenger, de son côté, s’est installé dans l’Histoire pour son engagement et son combat politique.

Qu’en est-il de Navin Ramgoolam ? Même avec éventuellement 15 ans au pouvoir, on ne se fait pas une place dans l’Histoire. Cela ne suffira pas. Le leader des Rouges en est conscient. Il faut accomplir quelque chose d’exceptionnel pour figurer au panthéon des grands. Aujourd’hui, les seules réformes sectorielles ne suffi sent pas pour se garantir cette place.

La réforme de l’Etat et/ou du régime politique l’est, par contre. D’où le projet d’une IIe République avec un partage de pouvoirs entre le président de la République et le Premier ministre. Navin Ramgoolam en père de la IIe République ? Voilà une perspective qui doit bien plaire au leader du PTr. Reste la question de savoir jusqu’où il est prêt à faire des concessions au MMM pour réaliser cet objectif.

Après ses mésaventures entre 1995-2000 à la  tête du gouvernement, Navin Ramgoolam s’était évertué à réhabiliter son image, se débarrasser de cette réputation de «Macarena Boy» et de fainéant politique. C’est, aujourd’hui, chose faite.

Il est parvenu, avec brio, à imposer l’image de rassembleur et de démocrate. Il a également cultivé la posture d’un Premier ministre qui gouverne «à la présidentielle». Que lui reste-il à accomplir alors qu’il ne faut pas oublier que les années, elles, ne cessent de passer ?

Sans oublier les considérations politiques et électorales immédiates, Navin Ramgoolam pense à l’Histoire. On entre dans l’histoire comme on entre en mémoire. Il veut entrer dans la mémoire collective de ce pays. Pour cela, il a besoin du MMM.

Nazim ESOOF