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Éthanol, sujet brûlant

11 juin 2013, 05:36

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Il est plus facile de se gargariser de slogans sur l’île durable que de donner un coup de pouce aux énergies renouvelables. Ainsi, le mélange essence-éthanol n’est toujours pas autorisé à Maurice. Ce produit est un substitut économique et écologique au carburant actuel, mais sa commercialisation est en attente, depuis des années, du feu vert du gouvernement.

 

Dimanche dernier, le groupe Omnicane a annoncé l’entrée en opération de sa distillerie d’éthanol pour septembre. Tout l’éthanol produit par ce groupe sera destiné au marché européen. Les automobilistes mauriciens, eux, continueront à carburer exclusivement à l’essence importée à grands frais de Mangalore. Parce que le gouvernement a du mal à se résoudre à prendre une décision.

 

L’éthanol produit à partir de la canne à sucre fait rouler des millions de véhicules dans le monde, notamment en Afrique. A Maurice, des tests, réalisés en 2006, sur l’utilisation de l’E10, un mélange essence-éthanol dans une proportion de 90-10, se sont révélés concluants. Techniquement et industriellement, le pays était prêt, dès lors, à passer à l’E10. L’ex-usine Alcodis pouvait même produire la totalité de l’éthanol déshydraté requis pour constituer le mélange préconisé. Mais l’État a laissé traîner les choses. Du reste, l’indécision du gouvernement a forcé Alcodis à mettre la clé sous le paillasson en 2008.

 

A l’étranger, les chercheurs reconnaissent que chaque litre d’essence remplacé par un litre d’éthanol tiré de la biomasse permet de réduire l’accumulation de gaz toxiques à effet de serre. Certains pays sont allés plus loin. Ils ont adopté l’E20 ou même l’E85 pour des moteurs modifiés. Au Brésil, la moitié du parc automobile roule à l’éthanol pur.

 

Chez nous, après les tests effectués sur l’E10, le gouvernement a mis sur pied des comités, commandé des rapports et multiplié les discussions. Sans résultat.

 

Il est estimé que 33 000 tonnes d’éthanol peuvent être produites annuellement à Maurice à partir de nos 160 000 tonnes de mélasse. Ce qui est largement suffisant pour approvisionner le marché local, même si le gouvernement devait opter pour l’E20. Il ne manque que le courage politique de trancher la délicate question de répartition des bénéfices découlant de l’exploitation de la mélasse.