Publicité

Faire l’impasse

2 mai 2013, 11:28

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

lexpress.mu | Toute l'actualité de l'île Maurice en temps réel.

Cela s’appelle faire l’impasse. En athlétisme, dans les épreuves de concours, un sauteur peut ne pas passer une barre à un palier, étant entendu qu’il préserve ses ressources pour un franchissement plus élevé.

 

A la perche, le grand Bubka a reconquis son statut de recordman du monde à 5,94 m, après avoir fait l’impasse trois centimètres plus bas où son record venait de lui être ravi. A la hauteur, en 2000, Sotomayor l’a fait deux fois à la suite, alors qu’il avait notre compatriote Khemraj Naiko dans le dos. Comme quoi il n’y a pas de honte à se réserverpour un effort plus utile. L’impasse de Navin Ramgoolam sur le 1er Mai n’est-il qu’un accident millésimé 2013 ou un choix durable ?

 

De la crainte d’une claque motivée par la colère populaire faisant suite aux inondations du 30 mars à d’éventuelles recommandations de la police politique, de la conscience de ne pas avoir autant de pathos à offrir qu’une légende sortant de chimio à la simple difficulté d’avoir à rendre compte de la perte de trois municipalités, Navin Ramgoolam peut avoir eu de multiples raisons de ne pas réunir ses partisans à l’occasion de la Fête du Travail. Quoi qu’il en soit, quel qu’ait été son motif le plus décisif, cela demande toujours du courage de rompre avec une tradition, avec une pratique si intimement associée à nos mœurs politiques.

 

Les adversaires du Premier ministre considéreront de bonne guerre de l’accuser d’avoir fui le terrain, de ne pas s’être prêté au jeu de la mesure annuelle. Et la trivialité même de ces propos illustrera la vacuité de cette querelle enfantine que se livrent, chaque année, des adultes désœuvrés. Mais quelles que soient les raisons de Navin Ramgoolam, qu’elles soient avouables ou qu’elles puissent nécessiter une nouvelle demande de Gagging Order, sa décision est susceptible de faire évoluer notre culture politique, notre folklore pour utiliser un mot plus juste.

 

Notre démocratie peut produire du consensus fécond. Toutes les formations politiques savent bien que le 1er Mai leur vaut de faibles dividendes, jamais à la mesure ce qui y est investi en temps, en énergie, en argent qu’elles ne sont pas censées avoir. Et il suffirait de peu de chose pour rendre cette journée au monde du travail. Et si le consensus était vraiment intelligent, on ferait aussi l’impasse sur les bases, les conteneurs, la peinture, le plastique. Voire sur X et Y.