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HAT off
Dans le jargon de la presse, « joli coup », dirait-on. Belle réussite, en effet, que cette interview du président de la HAT - la Haute autorité de la transition - malgache, Andry Nirina Rajoelina, réalisée par Abdoolah Earally et mise en ligne le mardi 27 août, sur le site de lexpress.mu.
Joli coup, en effet, qui a consisté à pister l’homme fort de la transition, à confirmer sa présence à Maurice, à finalement entrer en contact avec lui et à obtenir une interview exclusive. Un entretien qui répond à un certain nombre de questions que sont susceptibles de se poser ceux qui restent préoccupés par l’avenir immédiat de Madagascar. Il n’aura sans doute échappé à l’attention de personne qu’Andry Rajoelina n’accorde pas beaucoup d’importance à la candidature de son ancien Premier ministre, Camille Vital, à la présidence de la République. En revanche, il semble ne pas prendre parti entre son ancien ministre des Finances, Hery Rajaonarimampianina, et celui qu’il avait, lui-même, nommé à la présidence de la délégation spéciale - soit au poste de maire - d’Antananarivo, Edgar Razafindravahy. Pourra-t-il entretenir le flou jusqu’au premier tour et laisser s’éparpiller de précieux votes, alors qu’on se demande s’il y a bien un candidat qui pourra émerger de manière convaincante.
On n’aura pas manqué de relever, de cette interview d’Andry Rajoelina, l’annonce de son retour en 2018, après avoir consacré les cinq années à venir à la rédaction d’un programme pour Madagascar, avec l’aide des plus grands consultants internationaux. Va-t-il revenir, avec dans la poche, à la manière de Ravalomanana, un Madagascar Action Plan, pour transformer la ferme en ranch, l’enclos en corral et l’ariary en gasy dollar ? Est-ce bien d’un énième rêve d’Eldorado retrouvé dont Madagascar a besoin ? La véritable attente de ce pays n’est-elle pas celle d’un système politique - peut-être inspiré par l’être fokolonono de Richard Ratsimandrava - qui rendra enfin compte des vrais rapports de force et d’influence au sein de la société malgache ? Madagascar a besoin d’une culture du droit - le récent épisode de la Cour électorale spéciale mal inspirée en est la preuve - et une culture de la responsabilité, toutes deux absentes du discours politique.
Dans ses déclarations, ce week-end, se réjouissant de l’expression de bonnes intentions d’Andry Rajoelina, le ministre des Affaires étrangères mauricien, Arvin Boolell, a fait valoir à nouveau l’importance pour Port-Louis de ses rapports avec Antananarivo, soulignant l’espoir que fait naître le retour à l’ordre constitutionnel. Pour s’être personnellement impliqué, en septembre 2011, alors qu’il était président en exercice de la Commission de l’océan Indien, pour arriver au consensus requis pour la signature de la feuille de route de sortie de crise à Madagascar, le chef de la diplomatie mauricienne sait bien à quel point les équilibres sont précaires, les tours de tables complexes. Mais il sait aussi, et il faudrait sans doute que nous en soyons tous davantage convaincus, que Madagascar est une pièce essentielle de la réussite à long terme, et durable, de Maurice. Du grenier agricole, dès demain, au marché le plus naturel de nos produits et services, après-demain, de jour en jour, bâtir cet avenir est une obligation de lucidité.
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