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Innocence of Mauritians
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Innocence of Mauritians
nnocence of Muslims. Ce « film » qui embrase le monde musulman et indispose l’Occident fera sans doute l’objet de nombreuses thèses à l’avenir. Tant les réactions à « l’extrait » posté sur YouTube et vu des dizaines de millions de fois sont passionnées.
Tandis que les uns appellent à en éliminer les auteurs, d’autres exonèrent ceux- ci de tout blâme au nom de la liberté d’expression. A mi- chemin, des pacifi cateurs condamnent la tentative d’incitation à la haine religieuse. Tout en implorant ceux qui se sentent heurtés par la vidéo de ne pas recourir à la violence pour manifester leur colère. Trop tard.
Innocence of Muslims a déjà causé la mort d’innocents à travers le monde. Pour quoi, au juste ? La question n’est en rien superflue. Car l’existence même d’un fi lm intitulé Innocence of Muslims est remise en doute ( lire pages 84- 85 ). D’une part, il y a l’évidence : le « film » n’est en fait qu’un clip d’un peu moins de 14 minutes qui rassemble deux trames distinctes. L’une se déroulant dans l’Egypte contemporaine où des militaires sillonnent une bourgade agitée en 4x4 blindé. Et l’autre, relatant les pérégrinations d’une tribu nomade arabe d’un passé lointain. D’autre part, il y a cette confi rmation : personne ne semble avoir vu le « film » Innocence of Muslims dans son intégralité.
A- t- on donc pu utiliser des extraits d’un fi lm existant en y ajoutant des dialogues post- synchronisés afin d’en détourner le propos d’origine ? Oui.
N’importe quel quidam qui a un minimum de sens de l’observation peut s’en persuader en regardant la vidéo – toujours disponible sur YouTube . Les doublages, très grossièrement effectués, sont facilement repérables à chaque fois que le nom « Mohamed » ou « Coran » sont prononcés dans le clip. En fait, l’ « extrait » de 14 minutes ne contient qu’une seule séquence où le dialogue d’origine est explicitement véhément envers l’islam.
Cela nous amène à nous interroger sur la seule vraie question qui reste en suspens. Si ce que raconte à l’origine le film – charcuté pour renaître sous la forme du clip Innocence of Muslims – n’est que secondaire, l’identité et les motivations de ceux qui ont orchestré le détournement des images restent, elles, toujours à déterminer. C’est la croyance selon laquelle cette vidéo a été « orchestrée » par une main invisible de l’axe « américano- sioniste » qui a contribué à attiser la colère dans le monde musulman et jusqu’à Maurice.
L’incapacité des enquêteurs aux Etats- Unis – d’habitude puissamment armés de moyens de collecte d’informations de la National Security Agency et du réseau Echelon – à trouver la ou les personnes ayant conçu le « fi lm » litigieux a pu éveiller des soupçons. Mais la théorie du complot pourrait ne pas résister à la banale réalité technologique de 2012.
Si main invisible il y a eu, il se pourrait que ce soit celle d’un ou de quelques gamins anonymes d’une banlieue américaine. Qui ont détourné un fi lm lamentable pour en faire un brûlot anti- islam avec les moyens techniques rudimentaires disponibles sur n’importe quel ordinateur. Ces gamins- là sont peut- être les Krishnee Bunwaree américains. Dont la stupidité et l’intolérance ont été récupérées par de vrais incendiaires qui ont ensuite choisi de diffuser la vidéo à une plus grande échelle.
Notamment en traduisant Innocence of Muslims en arabe : un casus belli ! La réflexion que nous devons désormais mener concerne le formidable espace de liberté que sont devenus Internet et les médias sociaux, qui permettent de décupler l’effet d’un message.
Ces plateformes, il faut bien se l’avouer, se sont transformées en creuset de tous les dérapages possibles. Où les faux « films » côtoient des fausses nouvelles relatant, par exemple, la destruction d’un cinéma en Californie alors que celui- ci s’apprêtait supposément à projeter Innocence of Muslims . Peut- on réellement se prémunir de son droit à la liberté d’expression pour tout dire et relayer sur Internet ? A Maurice, plus qu’ailleurs, nous sommes en mesure de comprendre que cela n’est pas souhaitable. La rareté des épisodes comme l’affaire Krishnee Bunwaree et le fait que les dérapages racistes et religieux soient confinés à un nombre restreint de sites fréquentés par des Mauriciens, et quasi inexistants dans la presse locale, démontrent la maturité relative de nos citoyens quand ils se prononcent sur les questions religieuses. Pourvu que cette Innocence of Mauritians dure…
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