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L’école s’ouvre au kreol

24 mai 2011, 08:00

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L’introduction du kreol à l’école a été diversement commentée. Aujourd’hui, il y a une grande satisfaction chez ceux qui la réclamaient. Avec plus de 2 500 élèves qui se sont inscrits au cours optionnel du kreol en Standard I, les autorités peuvent se montrer satisfaites. Il faut, cependant, tempérer les choses. Nous ne sommes pas encore dans un système où le kreol est un «medium » d’enseignement mais toujours dans une initiative qui relève du symbolisme plutôt que dans une décision qui aurait véritablement profité aux enfants mauriciens. Soit l’utilisation du kreol comme langue d’apprentissage.

Il ne faut, certes, pas faire la fi ne bouche. Il y a eu une décision politique : faire entrer le kreol à l’école. Toutefois, ce n’est qu’un début. D’ailleurs, cette adoption est, elle-même, accompagnée de nombreuses approximations. Les observateurs et des acteurs du secteur ne cachent pas leur insatisfaction par rapport à de nombreuses questions. Il y a toute cette précipitation pour ce qui est des instituteurs. A ce titre, Vinod Seegum, président de la Government Teachers’ Union, rappelle, sur lexpress.mu, que «Pour devenir instituteur, il faut trois années de formation. Il aurait fallu respecter la procédure qui est de faire des appels à candidature et assurer les formations sur trois années et non six mois.» De la même manière, toujours sur lexpress.mu, Jimmy Harmon, responsable du dossier «kreol morisien» à l’Institut Cardinal Margéot, estime que le ministère aurait dû organiser une campagne d’information sur l’introduction du kreol et du bhojpuri.

Mais l’essentiel n’est pas dans ces quelques faits. Il est ailleurs. Le kreol et, dans une moindre mesure, le bhojpuri, ne sont pas uniquement des langues comme le hindi ou l’urdu pour les Mauriciens. Ce sont des langues identitaires. Comme le souligne encore Jimmy Harmon, elles ont une dimension culturelle. A ce titre, leur enseignement devrait s’accompagner d’un cursus qui témoigne de ce vécu. Or, pour l’instant, on reste dans la symbolique de la représentativité.

Le kreol a une double fonctionnalité qui pourrait enrichir davantage le parcours d’apprentissage des enfants. La première en tant que «medium», il nourrit une certaine vision de la vie. Il donne à lire le monde dans lequel vit l’enfant mauricien. Il véhicule ensuite des valeurs qui témoignent d’un ancrage culturel et identitaire. Toutes ces dimensions ne sont pas mises en valeur lorsque le kreol est uniquement enseigné en tant que langue.

Il faut seulement souhaiter que cette introduction du kreol au primaire sera accompagnée de nouvelles initiatives et qu’enfin, on reconnaisse à cette langue son instrumentalité et son caractère identitaire à la fois.