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L’île Maurice des tribus

23 août 2011, 09:13

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Il n’y a plus de doutes. L’île Maurice se défi nit par l’ethnicité. C’est le sentiment qui prévaut, à la suite de certaines réactions, après la nomination de Mireille Martin comme ministre et la désignation de Xavier-Luc Duval aux Finances. Nombreux ont été les associations créoles et les individus qui y voient là un acte de récompense pour les créoles.

Le Premier ministre peut se sentir satisfait de son coup. En deux temps trois mouvements, il s’est mis une bonne partie des créoles dans la poche. De la même manière, aux deux dernières élections, on a pu voir comment des musulmans étaient tout fi ers d’élire Rashid Beebeejaun au poste de vice- Premier ministre. Mais, il ne s’agit pas seulement d’associations créoles, musulmanes ou hindoues.

Il y a aussi des intellectuels qui se réjouissent que l’Etat mauricien prenne en compte les particularismes dans la composition de son exécutif.

Pourtant, on aurait cru qu’en 2011, l’île Maurice n’allait plus autant institutionnaliser la théorie de la représentativité. Mais force est de constater que des Mauriciens ont encore besoin de symboles ethniques. En quoi la nomination de Mireille Martin au ministère de l’Egalité des genres va-t-elle changer et améliorer la vie des créoles ? Il faut croire que cette question est bête. Tant le symbolisme derrière est plus important pour certains individus qui se disent néanmoins citoyens de la République de Maurice.

Ceux qui, aujourd’hui, plaident pour que soient enlevées les références ethniques de la Constitution auront bien du mal à obtenir gain de cause.

La résistance passéiste est organisée, bien rodée et a le soutien de certains intellectuels et d’hommes politiques bien pusillanimes. Ceux-ci estiment toujours que l’île Maurice profonde n’est pas prête pour de tels changements. Il faut concéder que c’est dans les habitudes et dans leur inconscient collectif que les Mauriciens sont appelés à faire leur mue. A ce titre, ce n’est pas en votant des lois ou encore en tentant d’imposer un autre mode de vie qu’on peut éliminer ce virus de la représentativité de notre système de vie.

Mais le fait demeure qu’il faut réinventer la société mauricienne. Pour des raisons culturelles.

Pour qu’on ne soit plus une société de tribus. Pour que dans l’autre, on ne voit pas qu’un stéréotype ethnique. Ce serait une île Maurice où l’égalité et la méritocratie ne seront pas de vains concepts. Ce n’est peut-être l’aspiration que d’une minorité de citoyens. Toutefois, il est sûr que, si on a le courage de bouleverser certains réflexes, cette minorité peut devenir une majorité.


 

Nazim ESOOF