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L’homo mauricianus

16 mars 2010, 11:57

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Nous célébrons ces jours-ci le 42e anniversaire de notre accession à l’indépendance. Cela fera bientôt trois siècles qu’est née la société mauricienne. Tous nos ancêtres sont venus d’ailleurs, pour construire une société qui est un microcosme du monde. Notre histoire depuis ses origines est la démonstration qu’il n’y a aucune fatalité. Ce sont les hommes et les femmes qui construisent la société. Une grande leçon pour l’avenir.

Notre république est le fruit d’une société enfantée par la colonisation, phase importante du processus de la globalisation de l’économie capitaliste qui se poursuit. Fondée sur l’esclavagisme pour servir une économie de commerce coloniale et une économie de plantation sucrière, elle a connu le système de l’engagisme avec l’immigration indienne qui a révolutionné sa structure démographique. Tout le XXe siècle a été une longue marche vers une société plus libre, plus juste et plus démocratique.

Depuis 1968, l’économie mauricienne s’est diversifiée avec la transformation de ses structures et de ses rapports sociaux internes, de même que de ses rapports avec le reste du monde. Nous sommes en train de développer de nouveaux piliers. Notre devenir économique passe par une intégration réussie dans le nouvel ordre mondial. Dix chantiers nous attendent : le développement durable, l’invention d’un nouveau modèle politique intégrant la société civile, un projet d’éducation-formation, la lutte contre la pauvreté, le combat contre la corruption, le développement d’une société numérique solidaire, la construction d’un Etat fort et performant, l’aménagement harmonieux du territoire et du littoral, une république moderne garantissant l’égalité citoyenne.

De nombreuses sociétés prises dans la globalisation ont les mêmes chantiers. Une globalisation qui doit réinventer les rapports entre l’Occident et l’Orient et avec leurs valeurs respectives. Il y a en jeu la gestion des différences antagonistes et non antagonistes, la compréhension de nouvelles donnes et réalités, la légitimité des divergences, la recherche des convergences, l’arbitrage des intérêts contradictoires et la conciliation-réconciliation des visions du monde. Notre société dispose d’un capital pour relever ces défi s ; capital qui puise ses racines dans notre histoire commune, dans la richesse de notre diversité. Chez chaque Mauricien on trouve l’occidental, l’oriental et l’africain.

C’est ce qui fait de nous un modèle potentiel pour un monde en pleine mutation. Nous pouvons apporter une contribution à un modèle anthropologique que recherchent toutes les sociétés à travers la planète. Dans notre société, comme ailleurs dans le monde, il y a autant de raisons de désespérer que d’espérer de l’homme. Mais la force de l’espoir réside dans le refus de toute fatalité. L’homo mauricianus existe. Il peut éclairer, montrer la voie… A nous tous de l’activer. Voeu pour un anniversaire !

Malenn Oodiah