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L’urbanisation non-contrôlée
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L’urbanisation non-contrôlée
Le développement immobilier à Maurice se fait à un rythme effréné. Malgré la crise qui touche les différents secteurs économiques du pays, le secteur de la construction est celui qui, apparemment, souffre le moins. Du moins c’est la perception que l’on peut avoir quand on prend l’autoroute entre le rond-point de Phoenix jusqu’à la capitale.
Dix ans de cela, à Ebène, il n’y avait qu’un vaste champ de cannes. De «Prime Agricultural Land», comme l’avait dit certains à l’époque, Ebène s’est métamorphosé en une micro-ville qu’on pourrait même qualifier de futuriste.
La valeur agricole de ces terres n’a pas été un obstacle à la concrétisation d’un projet faramineux, qu’est la «Cybercité». L’île Maurice s’est alors mise en marche pour devenir une «Cyber île». Une île moderne, un peu comme Singapour. Avec la promesse que cette ville moderne, au centre du pays, sera le cœur du développement des TICs et autres activités liées aux nouvelles technologies.
Quelques années plus tard, on a l’impression que cette promesse ne sera jamais tenue. Nos compétences en informatique et en technologie de l’information et de la communication sont encore basiques. Et la ressemblance de notre Cybercité avec Singapour ou la Silicone Vallée est toujours un fantasme que certains voudraient bien prendre pour des réalités.
Certes, en ces lieux, une ville à l’aspect moderne a émergé. Des édifices à l’architecture contemporaine ont fait leur apparition, mais tout cela dans un capharnaüm incompréhensible. D’ailleurs ceux qui y vont pour la première fois risque fort de s’y perdre. Les routes y sont étroites et très mal indiquées, et la propreté de cette nouvelle agglomération laisse à désirer.
Mais la pire frustration pour celui qui se rend à la «Cybercité», c’est cet affligeant spectacle d’un désordre au niveau de la planification et celui de trouver une place dans une aire de stationnement.
Ayant un rendez-vous à la Cyber Tour d’Ebène, un homme d’affaire gara sa voiture sur le parking du complexe. Un préposé de la sécurité lui somma d’aller se garer dans la ruelle à côté du bâtiment, sous prétexte que les parkings de la Cyber Tour sont réservés. Embarrassé, celui-ci s’en alla et annula la transaction qu’il était venu conclure; et cela au détriment de la société qui l’y attendait.
Cette situation semble banale, mais c’est malheureusement le cas tous les jours à la Cybercité. Des centaines de véhicules sont garés à même les rues car les bâtiments n’ont pas suffisamment de parkings. Et pour ceux qui ont cru dans les perspectives que peut offrir cette nouvelle ville, les déceptions liées à la désorganisation des lieux sont quotidiennes.
L’urbanisation contrôlée est, chez nous, un luxe qu’on ne se permet pas. Car c’est, semble-t-il, ce qui fait le folklore architectural de notre île. Il suffit de voir les constructions «sauvages» de certains propriétaires des régions balnéaires telles que Flic-en-Flac, Rivière Noire, Riambel ou Albion, pour se rendre compte combien l’esthétisme et les considérations pratiques sont les derniers éléments pris en compte lorsqu’on construit à l’île Maurice.
A Ebène, les routes de la Cybercité sont construites et aménagées au fur et à mesure que les promoteurs débutent la construction d’un immeuble. Pourtant, il aurait peut-être suffit d’avoir un plan de développement et de l’appliquer dès le départ. On est passé carrément à côté de l’occasion de construire une ville à la hauteur de nos ambitions pour le futur. Une ville structurée avec toutes les facilités nécessaires, un haut lieu des affaires, que tout le monde aurait souhaité visiter, y travailler et y vivre.
Si les autorités compétentes s’emparent rapidement du problème de la Cybercité et de ses alentours, beaucoup d’autres maux de l’île pourront être résolus. Par exemple, l’éternel problème de congestion routière. Si au départ lorsque les premiers plans de la Cybercité furent dessinés, l’on avait prévu de délocaliser certains services de Port-Louis à Ebène, des institutions telles que la NTA, la MRA et certains ministères qui n’ont rien à faire dans la capitale, on aurait trouvé une solution à une partie du problème.
Les bons gouvernants sont ceux qui savent administrer et prévoir. Avec la Cybercité, c’était une occasion en or de montrer nos compétences en planification urbaine. Une nouvelle fois, on est passé à côté. Je suis sûr que vous en connaissez les raisons…
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