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La bataille des « carapates »

8 avril 2012, 04:57

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Si l’invasion a été soudaine, elle était néanmoins attendue. Les parasitologues locaux ont donc réussi à déterminer assez vite la nature de la menace. Il s’agit d’une espèce connue  d’arachnide parasite à deux pattes qui prolifère dans le pays depuis des années : la tique politique. Communément appelée « carapate » ou « roder bout » à Maurice.


Les habitudes de reproduction et de prolifération de ce parasite sont encore méconnues. Trois éminents experts locaux dans l’étude de la « carapate », Paul Bérenger, sir Anerood Jugnauth et Navin Ramgoolam, ont toutefois grandement aidé à mieux cerner le comportement de ces bêtes. Chacun d’entre eux est allé jusqu’à donner de sa personne pour faire avancer la  recherche. Notamment en s’entourant volontairement de plusieurs de ces bêtes durant de nombreuses années. En 2012, aussi bien Ramgoolam, Jugnauth que Bérenger persistent à défendre le bien-fondé de cette technique d’étude. Ils conservent donc chacun un certain nombre de « carapates » auprès d’eux.


C’est une méthode payante. Ainsi c’est SAJ qui a été le premier à réaliser une découverte majeure sur les habitudes migratoires des carapates vers le milieu des années 90. Une avancée qu’il résuma à travers la formule « karapat sanz lisien ». Il déduisit que l’arachnide à deux pattes est extrêmement sensible au climat politique. Plus celui-ci est perturbé, plus la « carapate » s’agite. Et dès que des réalignements s’opèrent, le parasite entame sa grande migration. Quittant un parti pour aller s’accrocher à un autre. SAJ démontra également que seules les petites « carapates » s’excitent durant les premières phases d’instabilité. Les parasites les plus puissants et expérimentés attendent, eux, que le réalignement politique
soit total et irréversiblement à l’avantage d’un parti pour se précipiter vers celui-ci.


La contribution de Ramgoolam et Bérenger à la recherche ne peut toutefois être minimisée. A eux deux, ils ont en effet révolutionné la classification de cette espèce d’arachnide. Leurs travaux ont ainsi permis de conclure qu’il n’existe pas une mais quatre sous-espèces de « carapates » dans le pays. En haut de la pyramide trône la « super carapate ». Même si ce parasite-là est « gro fey » ou « intellectuellement limité », il n’a aucune difficulté à s’accrocher au parti politique de son choix. Bien né, ou disposant d’un patronyme « premium », ce type de « carapate » est considéré comme étant la sousespèce la plus robuste et adaptable.


Arrive ensuite la « carapate grégaire ». Celle-là, comparée aux autres sous-espèces, joue la carte collective. Elle prétend toujours représenter la majorité de ses congénères et promet au parti qui la recueille, le soutien et la reconnaissance éternels des siens. Accueillir ce genre de parasite implique souvent de confier quelque avantage à lui-même ou à l’un ou plusieurs de ses congénères préalablement désignés. Suit candidement la « carapate has been ». Souvent, celle-ci est une ancienne gloire du parasitage ayant traîné ses crocs dans plusieurs partis. Incidemment, ce type de « carapate » se distingue par le fait d’avoir été assez insipide dans ses responsabilités antérieures de ministre, ambassadeur ou conseiller municipal. Cette sous-espèce arrive néanmoins à trouver une petite place dans un parti voulant bien d’elle dans une conjoncture précise. Enfi n, c’est la « caparate vulgaris » qui clôt la hiérarchie. Sans envergure, elle ne se fait accepter par un parti politique que sur de très courtes périodes avant d’être sacrifi ée sans ménagement par son hôte et de tomber dans l’oubli.


Selon les parasitologues moins établis du pays, ce sont seulement les « carapates has been » et « vulgaris » qui se sont manifestées pour l’heure. Ils estiment que rien ne prouve que les « carapates » de première catégorie entameront bientôt leur migration. Cette assertion est néanmoins très loin de faire l’unanimité parmi les trois éminents experts locaux en la matière.En effet, alors que Ramgoolam affirme que la migration des grandes « carapates » attendra, SAJ et Bérenger pensent qu’elle a déjà commencé. Cette divergence d’experts n’est toutefois pas très grave. Ce qui l’est, par contre, c’est le fait que les trois éminences grises du parasitage semblent volontairement nier l’existence de certains travaux sur les « carapates ».


Ces derniers démontrent que ces parasites sont les vecteurs de quelques graves maladies affectant les politiques. Notamment la schizophrénie, le délire paranoïaque et la mégalomanie. Les parasitologues internationaux suggèrent par conséquent qu’une campagne d’éradication totale de l’espèce soit menée à Maurice. Mais Bérenger, SAJ et Ramgoolam ne l’entendent pas ainsi. En effet, ils souhaitent effectuer d’autres expérimentations sur les « carapates ».Ce sera bien évidemment à leurs risques et périls…