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La menace tribale

2 mars 2010, 10:14

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Les élections servent à designer, à travers le vote citoyen, ceux qui dirigeront le pays pour une durée de 5 ans et ceux qui seront dans l’opposition. Les élus sont mandatés par le peuple pour gérer le pays dans l’intérêt du plus grand nombre, trouver des solutions aux problèmes, et préparer l’avenir des générations futures. C’est le fameux principe de l’intérêt général dans le fonctionnement et la finalité de l’Etat et de la politique. Ceux qui aspirent à diriger ont le devoir de présenter un projet de société et un programme gouvernemental qui déclinent ce principe.

La crise « systémique » de septembre 2008 a démontré la nécessité d’un Etat régulateur pour éviter les dérives du marché. D’une affirmation de la primauté de la politique sur l’économique. C’est à la politique qu’il incombe de formuler un projet de société. La construction d’un Etat fort, performant et démocratique constitue un des enjeux de Maurice pour le XXIe siècle.

Aux politiques mauriciens de nous dire leur vision de l’Etat, comment ils voient sa mission et quelles devraient être les valeurs et les pratiques pour l’animer. Il va de soi que le minimum est de garantir, d’assurer et de s’assurer de la bonne gouvernance publique. C’est plus vite dit que fait. Il faut une démarche volontariste pour lutter réellement contre les gaspillages, la dilapidation des fonds publics par certains princes du jour.

Ces temps-ci, les chantages et marchandages des lobbies et « forces vives » avec leurs revendications communalistes ou castéistes, font rage. C’est la logique et une dynamique d’une république des tribus et de rodeurs bout’ en action. Or, l’Etat doit oeuvrer pour construire une république citoyenne concrète. Cela implique de régler deux problèmes structurels : la place de l’ethno-politique dans la vie politique et le poids du clientélisme ethno-castéo-électoral. Ce sont deux poisons qui bloquent la construction d’un Etat visionnaire, performant et juste, nécessaire pour une intégration réussie dans le nouvel ordre mondial.

En clair, il faut dire non à la république des tribus et son lot de revendications sectaires et ses chantages clientélistes. La république a besoin de responsables capables, honnêtes et justes. Au-delà de la qualité des hommes responsables aux postes de commandes, il s’agit de l’effi cacité de l’appareil d’Etat, de la qualité des services et prestations de la fonction publique et parapublique, et de la performance des hommes et des femmes qui en font partie.

Sortons de la dynamique tribale. Allons au-delà du symbolique dans la gestion de notre riche diversité. Engageons le débat démocratique pour une profonde réforme institutionnelle avec la citoyenneté républicaine comme principe fondateur unifi ant. Autour des valeurs d’égalité des chances, d’espérances et d’opportunités, de justice, de méritocratie et de solidarité. Maurice est sous la menace tribale. Aux politiques d’assumer leurs responsabilités et de s’assurer que l’intérêt général prime. Aux médias et à la société civile de jouer pleinement leurs rôles. Nous devons et pouvons mater la menace tribale. C’est vital !

Malenn Oodiah