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La question qui tue
Le mélange de la religion et la politique est toxique. Que l’on se serve de la religion pour faire de la politique, ou inversement, cela fi nit toujours très mal. Des siècles d’histoire ont appris à l’humanité à séparer les deux. Cette distinction, érigée en principe, est respectée dans les républiques modernes.
A Maurice, on mélange encore allégrement religion et politique. Les religieux sont même considérés par quelques politiciens comme des alliés dans leur lutte pour conserver le pouvoir. Inquiet de la situation, le député MMM, Steve Obeegadoo, invitera le Premier ministre, cet après-midi au Parlement, à interdire aux politiciens de prendre la parole à l’occasion des cérémonies religieuses.
Ce débat arrive à point nommé, car le contexte actuel incite des élus à utiliser des plates-formes religieuses pour des harangues politiciennes. Ainsi, selon un compte rendu de «lexpress.mu», le vice-Premier ministre et ministre des Transports, Anil Bachoo, a exhorté la communauté hindoue, dimanche, à Bon-Accueil, dans le cadre d’une cérémonie religieuse, à ne pas «laisser échapper le pouvoir politique qui a été acquis après des années de lutte». D’autres politiciens, appartenant à d’autres confessions, ont également recours à cet amalgame.
La position de Navin Ramgoolam sera attendue avec impatience, car ce qui est en jeu, c’est le fonctionnement de notre démocratie. C’est seulement quand les politiciens maintiendront une certaine distance par rapport aux manifestations religieuses que la neutralité confessionnelle de l’Etat sera respectée.
Il n’appartient pas aux ministres de la République d’organiser les célébrations pour des fêtes religieuses ou les pèlerinages religieux. De même, ce n’est pas le rôle d’un chef religieux de donner son point de vue sur un projet de développement économique ou la construction d’une centrale à charbon.
Ecoutons les propos d’un religieux, publiés dans l’express du 1er novembre 2003. Il annonce que les grandes associations religieuses hindoues n’inviteront plus les politiciens aux célébrations religieuses parce que «ça ne sert à rien d’inviter les politiciens tout le temps… la majorité des gens n’apprécient pas leur présence lors d’une fonction religieuse… la politique est publique, la religion est privée». On lira plus loin, dans ce numéro, la posture qu’adopte aujourd’hui, l’auteur de ces propos, Somduth Dulthumun.
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