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La vraie bataille

4 mai 2009, 10:13

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L’enjeu du 1er mai, pour tout parti politique, est de démontrer sa capacité à mobiliser la foule et, par extension, d’imprimer dans les esprits sa force potentielle dans l’espoir d’influencer le scrutin électoral. Au lendemain de ce 1er mai, les foules nous laissent- elles une idée des forces en jeu ? Y a-t-il un vainqueur de cette bataille ? Rien n’est moins sûr.

Il faut d’abord prendre avec des pincettes le fait que la foule soit toujours le baromètre de la force d’un parti. Les précédents grands rassemblements nous ont appris à relativiser le message qu’elle peut convoyer. En 2005, aux rassemblements du 1er mai, à la veille des législatives, l’alliance MMM-MSM remportait la bataille. Les estimations étaient de 17 000 personnes pour l’alliance qui était alors au pouvoir, contre 13 000 pour le PTr. Deux mois plus tard, c’est pourtant l’Alliance sociale qui sera portée au gouvernement.

Obsédés par le besoin d’influencer les électeurs, forts de leurs moyens, les partis politiques sont conduits à grossir artificiellement leurs foules par des incitations grotesques.

Les meetings ne sont pas devenus des occasions d’expression d’une conviction politique, mais une opportunité de détente. L’attitude de ceux qui composaient vendredi les foules des partis, de tous les partis, a bien montré que l’adhésion aux idées du parti n’est pas ce qui animait ces individus. Certains s’éloignaient au moment où le leader prenait la parole…

Non seulement l’appareil d’état et les moyens faussent la bataille des foules, mais leurs différences n’ont pas été cette année suffisamment marquées pour conclure à un « vainqueur » de l’exercice. On ne peut pas dire qu’un bloc ait « écrasé » l’autre. On peut dire en revanche, que tous ont rassemblé une foule plus réduite que l’an dernier, et que par conséquent, aucun des blocs n’a pas pu rallier à sa cause les 20 000 partisans de Jocelyn Grégoire en quête d’un « messie ».

Ce n’était pas la foule des grands jours. Sans doute l’échéance électorale est-elle encore lointaine, sans doute n’avons-nous pas vraiment la tête aux querelles politiques.

Plus que de nous révéler le rapport de force, ce 1er mai nous aura plutôt confirmé les attitudes politiques des uns et des autres, la disposition des troupes pour la bataille à venir.

Cohérent dans son approche, le PTr agit en deux temps : il détruit toute alternance possible et vend son bilan. Il sait quel électorat il peut gagner en diminuant le crédit qu’il reste à Bérenger. Il s’y acharne. Hargneux, agressif, il ne s’endort pas sur l’avance dont il jouirait dans l’opinion. Il ménage le MSM, mais il est fort probable qu’il compte sur sa propre capacité à anéantir Bérenger pour, à terme, se sentir assez solide pour aller seul aux élections.

Son partenaire virtuel confirme d’ailleurs qu’il ne sera pas facilement accommodable. Le leader du MSM a l’insolence de s’attaquer au premier atout du PTr, les compétences économiques de son ministre des Finances. Il laisse parler cet appétit que l’on sait surdimensionné par rapport à sa force électorale et se positionne comme ministre des Finances du prochain gouvernement. C’est culotté et fort malhabile.

Le leader du MMM n’a pas déployé toute l’agressivité dont il est capable. Un peu « ailleurs », un brin déprimé, une attitude d’observateur. Pas un mot contre le MSM : le MMM n’a pas encore de projet clair. Un regard tourné vers le passé : les allusions à 1982, les projets jamais réalisés que le MMM tient à coeur. Pas de réponse à la crise, pas de grands défis posés, toujours les mêmes faiblesses de communication. On le dirait presque en retrait de la course.

Ce 1er mai sonne le début de la vraie bataille. Celle des programmes, celle des équipes. Le PTr a quelques longueurs d’avance. Mais la foule du MMM, non négligeable à un moment où le parti est au plus bas, exprime une attente. Il doit redoubler d’efforts pour y répondre.

 

Ariane Cavalot-de l''Estrac