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Le bras désarmé du gouvernement

19 juillet 2011, 09:55

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Les ONG s’étaient parées de leurs plus beaux atours, pour l’Espace Rencontre CSR (NdlR : Corporate Social Responsibility) hier, le 18 juillet. Et pour cause, elles se retrouvaient sous les feux des projecteurs, elles qui travaillent généralement dans l’ombre. Ciblant les enfants vulnérables, l’initiative en soi est fort louable, au-delà des formalités qui l’entourent.

Il y aurait plusieurs façons de décrire cet événement. Du point de vue des ONG elles-mêmes, c’est la reconnaissance de leur travail. Ou encore la possibilité d’établir de nouveaux contacts, entre elles-mêmes, avec d’éventuels donateurs ou encore avec les autorités gouvernementales. Pour dire que les attentes étaient grandes. Un peu comme ces folles espérances qui animent toute organisation philanthropique. Il y a les positions déclinées par les ministres présents. Entre Leela Devi Dookun-Luchoomun, qui souligne qu’un tel espace est la concrétisation de bonnes volontés mises en commun ; Sheila Bappoo, pour qui le dynamisme des ONG est nuancé par l’engorgement des services de l’enfance, ou encore un Xavier-Luc Duval qui s’est voulu fervent défenseur de la cause des enfants.

Il y a enfin l’oeil qui voit les ONG comme ces entités présentes sur le terrain, là où l’exclusion et les fléaux sociaux battent leur plein. Celui qui voit ces hommes et ces femmes mettre de côté leurs ambitions personnelles, voire leur carrière, pour devenir les symboles nationaux d’une cause, d’une lutte. Sheila Bappoo l’a reconnu elle-même, il n’y a pas mieux placées que ces ONG pour lutter contre ces problèmes aigus.

Au vu de tout cela, on pourrait se demander pourquoi, si les ONG abattent un travail aussi important, si elles se font les garantes d’une action sociale nécessaire à la nation, font-elles toujours face à tant de problèmes. Notamment, cette CSR qui n’atteint pas ses objectifs. En effet, la route menant aux fonds CSR est bien trop sinueuse. Même ceux qui finançaient les activités de certaines ONG ont fi ni par préférer faire leurs «donations» à la Mauritius Revenue Authority plutôt que d’en faire profiter les ONG. On peut aussi se demander pourquoi, en deux ans d’existence, les directives liées aux fonds CSR et leur acheminement restent toujours flous. Pourquoi encore, certaines ONG se voient obligées de se rassembler en un collectif pour faire entendre leur voix…

On demande aux ONG de se professionnaliser, mais on ne leur donne pas les moyens adéquats en ce sens. Par contre, on dispose de fonds pour soutenir des associations socioreligieuses. A l’heure où on demande aux ONG de préciser leur action, de formaliser leurs opérations, un risque sournois montre le bout de son nez. Celui que ces organisations doivent montrer qu’elles méritent des financements à force d’accomplissements, fussent-ils creux, mais statistiquement corrects. Et ce, aux dépens d’une philosophie de base consistant à répondre à un manque que l’Etat n’a pu combler jusqu’ici…