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Le juste prix

9 juin 2010, 12:37

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Bonne nouvelle : sur les douze derniers mois arrêtés à fin mai, l’inflation est restée stable à Maurice à 1,8 %. Ce taux est à comparer avec les 7,4 % de mai 2009. Selon le Bureau Central des Statistiques (BCS), en un mois, les prix des produits alimentaires et des boissons non alcoolisées ont reculé de 0,2 %, alors que les coûts du transport cédaient 1,6%.

Ces baisses de prix ont été contrebalancées par l’augmentation des tarifs des restaurants et des hôtels, et des prix des services, des boissons alcoolisées et du tabac. Sur le mois, l’indice général des prix cède finalement 0,2 % en valeur absolue en passant de 119,3 à 119,1.

Cette sagesse des prix ne manquera pas d’interpeler l’homme de la rue, qui a vu le prix de la barre de fer augmenter de 25 % en quelques mois, et les prix de l’essence et du diesel bondir de plus de 7 % il y a quelques jours. On pourra également remarquer que le dollar s’est apprécié de plus de 10 % face à la roupie depuis le début de l’année. Ce qui devrait se répercuter mécaniquement sur les prix des produits importés. Ce décallage s’explique sans doute par la structure même de l’indice des prix publié par le BCS, et de la pondération de chaque poste.

Manifestement, la barre de fer destinée à la construction n’y est pas surpondérée. Par delà la question du poids des différents produits dans l’indice des prix, c’est la pertinence même de cet instrument qui est en jeu. Car il constitue un repère pour tout le monde et son niveau sert d’argument à tout un chacun.

Avec une inflation en glissement annuel de 1,8 %, les exportateurs, les sucriers et les hôteliers arguent de la sagesse des prix pour, tout naturellement, revendiquer une baisse des taux de la «Bank of Mauritius». Une détente monétaire qui rendrait la rémunération de la roupie moins attractive, et qui entraînerait donc, selon la logique des marchés, un recul de la monnaie nationale, notamment face à l’euro. Cette dépréciation de la roupie leur permettrait de retrouver leur compétitivité sur les marchés européens et de restaurer une rentabilité sérieusement entamée, comme le montrent certains résultats d’entreprises.

La banque centrale, elle, n’a pas du tout la même lecture de cette hausse des prix de 1,8 %. Le gouverneur, Rhundeersing Bheenick, estime qu’il existe des risques de résurgences inflationnistes avec la hausse du dollar et l’excédent de liquidités sur le marché monétaire local. Et en tant que garant de la stabilité des prix à moyen terme, il se refuse à toute détente monétaire et à touté dépréciation de la roupie. Pire, il prépare même l’opinion à une prochaine hausse des taux. Le gouverneur brandit la menace d’une reprise de l’inflation mais souligne également la faiblesse historique du taux d’épargne mauricien. Finalement, si tout le monde constate le même taux d’inflation, personne ne semble disposer du juste prix.

 

 

Pierrick Pedel