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Le muet

19 juillet 2010, 07:57

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Le pays reste confronté à une culture du silence. Les autorités n’ont pas tiré les leçons du cafouillage qui a marqué la mauvaise gestion de la grippe A. L’échec de la communication sur ce dossier n’a pas incité les dirigeants à rendre plus accessible l’information.

Il est clair qu’il y a un manque de sensibilisation au danger que représente l’épidémie. Le gouvernement s’est contenté de diffuser à la télé quelques messages de prévention auxquels personne ne prête plus attention. Il a tardé à communiquer les statistiques sur la maladie. Il reste élusif sur la grippe A. Entretemps, elle tue.

Le virus H1N1 coûte cher au pays en termes de vies humaines - offi ciellement, elle a fait trois victimes rien que la semaine dernière. Mais même ce lourd bilan tragique n’a pas provoqué un sursaut parmi les dirigeants. C’est la continuité dans la politique de rétention d’information.

Ainsi, il a été impossible, ces deux derniers jours, de se renseigner auprès des institutions offi cielles sur l’état de l’épidémie ou sur les conditions réelles ayant provoqué la mort du jeune homme de 24 ans habitant Highlands. Même la famille de la victime s’est heurtée au mur de silence érigé par les
médecins d’Etat quand elle a cherché à savoir les causes de la mort de leur proche.

Ces médecins sont terrorisés par leur hiérarchie et refusent de parler. Le terme «Grippe A» est devenu tabou dans la bouche de ces offi ciers de Santé publique. Ce n’est certainement pas dans cet environnement de terreur que l’on aidera la population à prendre sereinement les précautions nécessaires pour limiter la transmission du virus.

D’ailleurs, jusqu’au moment où est survenu le premier décès reconnu offi ciellement, le gouvernement niait complètement l’existence de la maladie à Maurice. Il a fallu un mort de grippe A pour que la ministre Maya Hanoomanjee veuille bien consentir à lever un coin du voile sur l’épidémie et annoncer qu’il y a eu 124 cas avérés de grippe H1N1 depuis février.

La semaine dernière, la ministre annonce aux médias qu’ils auront désormais un seul interlocuteur au ministère au sujet de la grippe A. Notre journaliste s’adresse immédiatement à lui. Le communicateur refuse de donner au journaliste son numéro de portable et demande que toute question lui soit
envoyée par fax. Une liste de questions lui est envoyée mardi.

Il ne réagit pas malgré les appels répétés à son bureau. Notre journaliste le croise vendredi dans les couloirs du ministère. Le communicateur persiste et signe : «Je n’ai pas que ça à faire, vous aurez vos réponses.» Quand celui qui incarne la communication est aussi muet, on peut imaginer ce que sont les autres ?

 

 

Raj MEETARBHAN