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Le rêve de Georges

20 septembre 2010, 09:44

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Dans son livre, «1984», Orwell dépeint une société sous surveillance avec suppression de la liberté. Dans son film «2012», Roland Emmerich prophétise la fin du monde à la suite d’un déplacement de la croûte terrestre. Dans son «Choc des Civilisations», Samuel R.

Huntington estime qu’on va tout droit vers un choc final entre deux mondes dans le sillage des événements du 11 septembre. Dans son

«Dans dix ans nous serons tous ruinés», Jacques Attali annonce une banqueroute mondiale et dans «Dix jours qui ébranleront le monde»

Alain Minc décrit des cauchemars possibles pour l’Europe avec, entre autres, la possibilité qu’Israël attaque les installations nucléaires iraniennes.

Dans ce concert du catastrophisme des apôtres du pessimisme, Georges Chung Tick Kan avec son «Maurice 2020 : Quel Demain ?» ose penser le contraire en estimant qu’il est possible de «bâtir une société mauricienne de grande qualité». Et ce, sans faire preuve d’utopisme encore moins de naïveté dans un climat économique qui n’a rien à envier au marasme de 1929.

Dans un style fluide – le livre se lit comme un roman – Georges Chung identifie des secteurs précis où il est possible, grâce à des décisions courageuses, d’améliorer notre qualité de vie. Il est ainsi évident qu’on ne pourrait rêver d’une société meilleure si la sécurité des biens et des personnes n’est pas proprement assurée. Sur ce chapitre, les statistiques du «break down of law and order» sont stupéfiantes et donnent froid dans le dos. Il coule de source que la lutte contre la pauvreté et l’inégalité sociale est le seul remède contre ce fléau pour qu’on ne cède pas, dans un climat émotionnel tendu, aux sirènes extrémistes.

A un autre chapitre du mieux-vivre, il est inconcevable que le transport public puisse empoisonner autant la vie de la population mauricienne. Georges Chung dénonce, avec force, l’ineptie d’un système aussi archaïque qu’il est inefficient (embouteillages monstres), tapageur, polluant (véhicules vétustes) et budgétivoire (Rs 25 milliards pour la facture pétrolière). Il met à l’index la dictature de ces puissants lobbies ‘ ceux du «tout-voiture» et des autobus - qui jusqu’ici ont fait capoter toute tentative d’envisager un système alternatif de transport de masse moderne sur l’argument qu’un TGV roulerait à 20 km/h. Le temps qu’on perd sur nos routes, estime l’auteur, on pourrait le passer à améliorer la productivité de notre travail, au sein de notre famille ou pour les loisirs. Sinon dans très peu de temps, tout Maurice souffrira de la «road rage» à l’instar de Michael Douglas dans le film «Rage».

Les autres piliers de l’argumentaire de Georges Chung sont l’ouverture de l’espace aérien et la technologie informatique. Deux manières de désenclaver notre île pour nous ouvrir au monde, car une société mauricienne de bonne qualité ne se mesure pas en kilomètres des filaos de Choisy aux falaises de Gris-Gris ! Elle prend son oxygène dans l’espace d’une fenêtre ouverte sur le monde extérieur.

Pour notre enrichissement et pour nous guérir de notre nombrilisme et notre insularité.

Georges Chung pense que la formation permanente, le civisme et le respect des valeurs publiques devraient faire partie de l’arsenal pour la réalisation d’une société mauricienne de grande qualité.