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Les happy few
La presse a une vision négative du pays, s’insurge le Premier ministre. Il s’agit là du syndrome de la reine qui consulte son miroir et découvre avec stupeur une image peu flatteuse. Quand les journaux renvoient l’image d’un pays malade de la corruption, de la pauvreté, du chômage et de la violence, les journalistes sont traités de «semi-intellectuels.» Hier, à Pointe-aux-Sables, le Premier ministre a encore puisé dans ce registre offensant.
Un dirigeant entouré de sa seule petite cour a, forcément, une perspective des choses différente de celle des journalistes qui sont au contact de la population. Le chef de gouvernement qui observe le pays derrière les écrans dressés par son auguste aréopage peut croire que tout est rose, alors que le pays broie du noir.
La perception du Premier ministre est sans doute fondée sur l’humeur des rares personnes qui font partie de son entourage. Ces privilégiés constituent les happy few de la société. Ils n’ont effectivement aucune raison de se plaindre de leur condition.
«Happy» ils le sont. Pas plus tard que la semaine dernière, on apprenait, par le biais d’un enregistrement diffusé par Radio Plus, à quel point ils peuvent l’être. «Because he is very close to us. We have kept him happy», explique un directeur d’une université médicale qui aurait manoeuvré pour obtenir des faveurs auprès d’un haut fonctionnaire.
Même ceux qui se sont enrichis illégalement ont des raisons d’être «happy». Alors que l’ICAC enregistre 17 00 plaintes par an, «au niveau des condamnations, le nombre semble se stabiliser autour d’une vingtaine par année». Vingt petits poissons. Et puis, il y a ceux qui sont heureux comme Michael Sik Yuen. Accusé d’avoir menacé l’électorat de Curepipe de représailles partisanes, il s’en est sorti en rédigeant un communiqué vaseux. À l’école on donne des lignes à copier.
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