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Les yeux du public

1 mars 2014, 07:53

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Même si on se remet de la sordide nouvelle de cette épouse coupée au ‘grinder’, ce qui est arrivé, cette semaine, à Mantee Murchoyea dépasse l’entendement mauricien. Ces scènes de sauveteurs remontant des bouts de corps du bassin Cahin, on les a déjà vues dans des films d’horreur, mais pas dans la vraie vie. À la rédaction, journalistes et secrétaires de rédaction ont été choqués par les photos ramenées par notre photographe, des photos scabreuses qu’on n’a pas publiées bien évidemment. Mais qui auraient été regardées longuement si cela avait été le cas. Peut-être par des lecteurs un peu écoeurés, mais qui n’auraient pu s’en empêcher.

 

Ce n’est pas difficile de critiquer les journalistes dans leur couverture de tels faits-divers. Car ils sont nombreux et chacun d’entre eux veut, avant tout le monde, un morceau de choix de ce drame. Les risques de dérapage sont réels, mais il ne faut pas exagérer non plus, à l’instar de certains qui vont jusqu’à lancer que la presse serait à la base de la récente hausse de violence inouïe contre les femmes. Ainsi, elle aurait banalisé l’affaire du ‘grinder’ et aurait donné des idées à un esprit malade pour faire pire : utiliser cette fois-ci une scie électrique. Et cela devient une psychose… des personnes, régulièrement et passivement battues, affirment qu’elles prennent désormais peur de cohabiter avec leurs conjoint(e)s de peur que ceux (celles)-ci ne sombrent dans la même démence.

 

Où devrait-on s’arrêter pour ne pas inspirer d’autres bouchers ? Ne pas relayer des détails du crime dans la presse ? Contrôler la vente de ‘grinders’ et autres scies industrielles ? Ne plus analyser le dénominateur commun de toute cette souffrance humaine ? Toujours est-il que les gens n’arrêteront pas d’en parler. Le crime de Petite-Rivière est le sujet sur toutes les lèvres, que ce soit pour se scandaliser, par pitié, par stupeur… Mais il y a toujours un dénominateur commun, c’est cet attrait de l’humain pour le morbide. Peut-être parce que cela le touche directement, parce que l’empathie est possible. Car après tout, la mort est notre lot à tous, sans exception aucune.

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On a beaucoup glosé sur l’affaire Soornack, du téléphone portable de Yogida Sawmynaden au ‘Gagging Order’ sélectif contre notre journal et Le Mauricien, décidé par le juge Domah, puis renversé par le juge Balancy. Vindicatif, l’avocat Yousouf Mohamed avait promis de faire payer la presse qui serait «en train de violer la vie privée d’une mère de famille». Et puis, contre toute attente, l’affaire est retirée. Gageons que Soornack et ses conseillers ont bien pesé le pour et le contre, mais il est bien plus difficile d’aller jusqu’au bout de cette logique de faire payer ceux qui informent le public, malgré les tentatives de bâillonnement. Dommage, car au final, cette affaire Soornack aurait surtout fait la lumière sur bien des pratiques occultes, qu’on préfère garder loin des yeux de la presse, donc du public.