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L’honneur de l’Amiral
Il y a des gens qui préfèrent quitter leur poste avant que l’honneur ne les quitte. Du moins, dans les grandes démocraties, c’est ainsi que se conduisent les personnages qui occupent des postes de responsabilité.
Mercredi dernier, le chef de la marine indienne a démissionné après un incident sur un sous-marin au cours duquel sept marins ont été blessés et deux autres portés disparus. L’amiral Devendra Kumar Joshi a immédiatement endossé la responsabilité morale de l’incident. Il a offert sa démission et elle a été acceptée par son gouvernement.
Son cas est loin de constituer une exception en Inde. Ils sont nombreux ceux qui quittent spontanément une fonction quand le sens moral l’exige. L’année dernière, par exemple, le ministre chargé de l’organisation d’un pèlerinage a démissionné quand une bousculade survenue au cours de l’événement a fait 36 morts. Ce ministre n’avait commis aucun délit, enfreint aucune règle et n’était coupable d’aucune faute. Il a simplement jugé qu’il ne pouvait pas se soustraire à la responsabilité morale du drame. En revanche, la culture politique dans d’autres pays n’impose pas la démission aux autorités «responsables», même en cas de catastrophe majeure.
Bien entendu, quand une tragédie nationale frappe, la douleur devant la mort ne s’atténue pas avec la démission d’un ministre ou d’un fonctionnaire, mais, au moins, la dignité et la décence sont respectées.
Pour autant, l’obligation de partir ne relève pas que de considérations morales et éthiques. Il est parfois important qu’un ministre ou que le directeur d’une institution parapublique abandonne son poste afin que les enquêteurs et, le cas échéant, la justice, puissent travailler en toute indépendance.
Mais, dans un pays où toute décision procède de stratégies et de tactiques, on peut craindre que les honorables ignorent l’honneur.
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