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L’affaire Medpoint : Une question de culture

27 janvier 2011, 08:49

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On a eu tout faux dans l’affaire Medpoint. J’avoue moi-même que je suis passé à côté de la plaque depuis le début cette transaction scandaleuse. Il est permis de se gourer dans certaines analyses. Personne n’est infaillible.

Personne n’a encore compris pourquoi le ministre des Finances, Pravind Jugnauth, le premier concerné dans cette affaire, est choqué qu’on ait pu lui reprocher quoi que ce soit ou encore moins qu’on puisse lui reprocher une quelconque indélicatesse dans cette affaire.

Il n’arrive pas à comprendre l’indignation générale, le tollé provoqué au sein de l’opinion par le fait qu’il ait pu, comme par le passé avec les Rs 45 millions qu’il a offerts à son papa, cette fois-ci, signer un chèque de 145 millions de roupies à sa propre famille et à lui-même !!!

Sa première réaction arrogante sur les ondes de Radio One n’était toutefois pas exempte de candeur naïve. Encore une fois, ce sont les «palabres de l’Opposition» et de quelques aigris qui veulent ternir sa réputation. Alors que, selon le MSM (par la voix de Maya Hanoomanjee), «toutes les procédures ont été respectées dans la plus totale transparence» autour de cet achat et de cette vente.

Je peux comprendre son indignation.

Nous n’avons rien compris ignares que nous sommes !

Je vous propose de revisiter le vert paradis de nos turbulences enfantines. A l’époque, à table, on prenait une baffe dans la gueule si, par malheur, un rot involontaire nous échappait. Il était interdit de se curer le nez et de faire des boulettes pour coller sous la table sous peine de pires sanctions. Je ne vous dis pas si d’aventure nous avions l’outrecuidance d’interrompre un aîné lors d’une conversation entre adultes… La punition était exemplaire : on était privé de dessert…. Obligation nous était faite de dire merci, de céder notre place dans un autobus à une personne âgée etc. … Bref, nous apprenions la politesse la plus élémentaire….Comme on nous inculquait aussi l’honnêteté et le sens de l’éthique….

Comment vous dire ca ? Comme je ne connaissais pas les définitions des mots ‘principes’ et ‘déontologie’, je savais, au fond de moi, qu’il y avait des choses à ne pas faire. Qu’il y avait des lignes à ne pas dépasser. Et surtout que, en toutes circonstances, c’est l’intérêt commun qui doit primer sur les intérêts privés.

Enfants, nous étions rétifs à ces enseignements dispensés à coups de rotins bazar….Nous ne savions pas qu’on nous inculquait dans le même souffle une exigence morale, une certaine éthique, une manière de vivre….

C’est vous dire que si mon père était encore vivant et s’il était Président de la République, il m’aurait fortement déconseillé cette transaction même si toutes les procédures devaient être respectées. Il y aurait quelque chose qui aurait gêné sa conscience.

Pour ceux pétris de cette éducation, aucun compromis de ce type n’aurait été possible. On ne jette rien sur la place publique comme on n’entretient pas de transactions susceptibles d’être porteuses de soupçons.

Mais chez d’autres, ils ne voient pas où est le problème. Parce qu’on ne leur a pas inculqué ces principes de base. Ils ont ainsi grandi dans cet état d’esprit que tout leur est possible d’autant qu’ils ont le sentiment de jouir d’une totale impunité.

Ce qui me pousse à dire que c’est une question d’éducation, une question de culture…